Par Jean Bensaïd, directeur général. CDC Infrastructure
Le financement des infrastructures par des investisseurs financiers de long terme?: un modèle «?gagn
La France dispose aujourd’hui de réseaux d’infrastructures de haute qualité. Les moderniser et les développer est indispensable pour faire face aux enjeux du futur. Dans un contexte où le désendettement est une nécessité pour l’État comme pour les industriels, les investisseurs financiers de long terme vont jouer un rôle croissant pour relever les défis du financement des projets d’infrastructure.
Les infrastructures jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des économies. Sans réseau de transport des personnes, des biens, de l’énergie ou de l’eau, sans réseau d’accès à internet très haut débit, il n’y a ni développement économique, ni développement humain. L’investissement nécessaire à la création et à l’entretien de ces réseaux est massif et récurrent. Mais leurs retombées socio-économiques à court et long terme sont très importantes. Ces investissements agissent sur la croissance économique de deux manières. À court terme, ils contribuent à augmenter l’activité dans les secteurs de la construction, des travaux publics, des biens d’équipement. Les estimations réalisées par le FMI montrent que l’effet multiplicateur des investissements en infrastructures sur le PIB (1,8) est le plus élevé parmi toutes les catégories de dépenses publiques, notamment parce que les emplois induits sont le plus souvent non délocalisables. Les infrastructures ont également un effet bénéfique à moyen terme car elles améliorent la productivité et l’efficience globale de l’économie : elles facilitent les échanges et la division du travail, elles favorisent une répartition plus efficace des activités économiques entre régions et pays, elles permettent la diffusion des nouvelles technologies.
La France dispose aujourd’hui d’infrastructures très diversifiées et de grande qualité. Le rapport annuel sur la compétitivité du World Economic Forum1 classe 148 pays du monde selon douze «?piliers de la compétitivité?», au sein desquels les infrastructures constituent le second pilier le plus important. Même si la France recule au total entre?2012 et?2013, elle demeure en tête du classement des pays du G20 pour les infrastructures et se classe au sixième rang au niveau mondial, devant l’Allemagne (10e), les États-Unis (19e), le Royaume-Uni (28e).
Les grandes priorités d’aujourd’hui et de demain
La France comme l’Union européenne sont aujourd’hui confrontées à des défis considérables pour maintenir cette qualité et s’adapter aux besoins d’une société connectée et sobre en carbone.
Le premier grand défi est celui de la transition énergétique. L’ensemble du système de production énergétique doit évoluer vers une production plus propre (ENR), un réseau de transport plus flexible et un réseau de distribution plus intelligent pour mieux piloter les consommations.
Le second défi est le maintien de la compétitivité des territoires en améliorant et en développant les réseaux de transports. Les transports doivent devenir plus sobres en carbone, ce qui nécessite de renforcer les modes collectifs (les transports ferrés lourds et légers devant être modernisés) et d’encourager une mobilité individuelle moins émettrice de CO2.
Le troisième défi est celui de l’accès au numérique fixe et mobile (4G, cloud) à très haut débit. Dans ce domaine, l’effort ne peut se relâcher ou souffrir de retard. Dans le cas de la France, les besoins d’investissements associés à ces trois défis sont estimés à environ 100?milliards d’euros, soit 5 points de PIB, à réaliser durant les quinze prochaines années. Le plan de déploiement du Très Haut Débit s’élève à 22?milliards d’euros d’ici à 2022. En matière de transports, le gouvernement a chiffré à près de 60?milliards d’euros le montant des investissements nécessaires (montant intégrant le Grand Paris et la modernisation des réseaux ferrés). Enfin, la montée en puissance des énergies renouvelables et l’adaptation des réseaux de transport et de distribution de l’énergie (smart grids, stockage de l’électricité, compteurs intelligents) représentent 20 milliards d'euros supplémentaires.
C’est grâce à un élan collectif qu’il faudra relever tous ces défis, fortement corrélés. Le numérique est évidemment un facteur clé de la compétitivité et de la transition énergétique ; la compétitivité des territoires ne peut que s’inscrire dans le projet de la transition énergétique.
Le mode de financement des infrastructures évolue
Dans un contexte budgétaire très tendu, l’ampleur des besoins de financement conduit à réexaminer le rôle des acteurs de l’investissement dans les infrastructures. Les autorités publiques vont devoir se concentrer sur la conception, les incitations et la régulation des grands projets. Les acteurs industriels, confrontés eux aussi à la nécessité du désendettement, devront se recentrer sur les métiers d’exploitation et de production de services. Les investisseurs financiers de long terme (fonds de pension, fonds souverains, assurance-vie, fonds d’investissement publics), capables de mobiliser des ressources significatives, sont amenés à jouer un rôle croissant.
De grandes opportunités pour les investisseurs de long terme
L’État et les collectivités territoriales ont de plus en plus recours au partenariat avec des acteurs du financement, privés ou publics. Des contrats de long terme permettent de mobiliser les ressources nécessaires tout en conservant pour l’État un rôle central de prescripteur et de régulateur. Afin de dégager des marges de manœuvre financières, l’État pourrait aussi être amené à céder certaines participations qu’il détient dans des réseaux d’infrastructure. Dans toute l’Europe, les grands opérateurs (énergie, télécoms, transports) se sont largement désengagés des réseaux d’infrastructures. En France, cette mutation a eu lieu pour les autoroutes mais beaucoup reste à faire en ce qui concerne les réseaux de transport ou de distribution d’énergie. Deux opérations participent de ce mouvement : l’ouverture de capital de GRTgaz en 2011 au profit du groupe Caisse des dépôts, la cession de TIGF par Total en 2013. De nombreux investisseurs financiers de long terme recherchent aujourd’hui des actifs de cette nature.
Dans le domaine énergétique, la part des ENR est encore loin des objectifs nationaux. Les projets classiques (solaire, éolien onshore) devraient assez rapidement bénéficier d’un cadre réglementaire stabilisé. Dans le même temps, les transactions portant sur des parcs en fonctionnement offrent de nouvelles opportunités : quatre projets offshore de très grande taille (2 à 3 Md€ par projet) sont en cours de développement et devraient d’ici 12 à 18 mois voir se poser la question de leur financement. Enfin, à moyen terme, il sera nécessaire d’accompagner l’émergence de nouvelles filières (comme les énergies marines) et d’un véritable marché du stockage de l'électricité.
Les infrastructures jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des économies. Sans réseau de transport des personnes, des biens, de l’énergie ou de l’eau, sans réseau d’accès à internet très haut débit, il n’y a ni développement économique, ni développement humain. L’investissement nécessaire à la création et à l’entretien de ces réseaux est massif et récurrent. Mais leurs retombées socio-économiques à court et long terme sont très importantes. Ces investissements agissent sur la croissance économique de deux manières. À court terme, ils contribuent à augmenter l’activité dans les secteurs de la construction, des travaux publics, des biens d’équipement. Les estimations réalisées par le FMI montrent que l’effet multiplicateur des investissements en infrastructures sur le PIB (1,8) est le plus élevé parmi toutes les catégories de dépenses publiques, notamment parce que les emplois induits sont le plus souvent non délocalisables. Les infrastructures ont également un effet bénéfique à moyen terme car elles améliorent la productivité et l’efficience globale de l’économie : elles facilitent les échanges et la division du travail, elles favorisent une répartition plus efficace des activités économiques entre régions et pays, elles permettent la diffusion des nouvelles technologies.
La France dispose aujourd’hui d’infrastructures très diversifiées et de grande qualité. Le rapport annuel sur la compétitivité du World Economic Forum1 classe 148 pays du monde selon douze «?piliers de la compétitivité?», au sein desquels les infrastructures constituent le second pilier le plus important. Même si la France recule au total entre?2012 et?2013, elle demeure en tête du classement des pays du G20 pour les infrastructures et se classe au sixième rang au niveau mondial, devant l’Allemagne (10e), les États-Unis (19e), le Royaume-Uni (28e).
Les grandes priorités d’aujourd’hui et de demain
La France comme l’Union européenne sont aujourd’hui confrontées à des défis considérables pour maintenir cette qualité et s’adapter aux besoins d’une société connectée et sobre en carbone.
Le premier grand défi est celui de la transition énergétique. L’ensemble du système de production énergétique doit évoluer vers une production plus propre (ENR), un réseau de transport plus flexible et un réseau de distribution plus intelligent pour mieux piloter les consommations.
Le second défi est le maintien de la compétitivité des territoires en améliorant et en développant les réseaux de transports. Les transports doivent devenir plus sobres en carbone, ce qui nécessite de renforcer les modes collectifs (les transports ferrés lourds et légers devant être modernisés) et d’encourager une mobilité individuelle moins émettrice de CO2.
Le troisième défi est celui de l’accès au numérique fixe et mobile (4G, cloud) à très haut débit. Dans ce domaine, l’effort ne peut se relâcher ou souffrir de retard. Dans le cas de la France, les besoins d’investissements associés à ces trois défis sont estimés à environ 100?milliards d’euros, soit 5 points de PIB, à réaliser durant les quinze prochaines années. Le plan de déploiement du Très Haut Débit s’élève à 22?milliards d’euros d’ici à 2022. En matière de transports, le gouvernement a chiffré à près de 60?milliards d’euros le montant des investissements nécessaires (montant intégrant le Grand Paris et la modernisation des réseaux ferrés). Enfin, la montée en puissance des énergies renouvelables et l’adaptation des réseaux de transport et de distribution de l’énergie (smart grids, stockage de l’électricité, compteurs intelligents) représentent 20 milliards d'euros supplémentaires.
C’est grâce à un élan collectif qu’il faudra relever tous ces défis, fortement corrélés. Le numérique est évidemment un facteur clé de la compétitivité et de la transition énergétique ; la compétitivité des territoires ne peut que s’inscrire dans le projet de la transition énergétique.
Le mode de financement des infrastructures évolue
Dans un contexte budgétaire très tendu, l’ampleur des besoins de financement conduit à réexaminer le rôle des acteurs de l’investissement dans les infrastructures. Les autorités publiques vont devoir se concentrer sur la conception, les incitations et la régulation des grands projets. Les acteurs industriels, confrontés eux aussi à la nécessité du désendettement, devront se recentrer sur les métiers d’exploitation et de production de services. Les investisseurs financiers de long terme (fonds de pension, fonds souverains, assurance-vie, fonds d’investissement publics), capables de mobiliser des ressources significatives, sont amenés à jouer un rôle croissant.
De grandes opportunités pour les investisseurs de long terme
L’État et les collectivités territoriales ont de plus en plus recours au partenariat avec des acteurs du financement, privés ou publics. Des contrats de long terme permettent de mobiliser les ressources nécessaires tout en conservant pour l’État un rôle central de prescripteur et de régulateur. Afin de dégager des marges de manœuvre financières, l’État pourrait aussi être amené à céder certaines participations qu’il détient dans des réseaux d’infrastructure. Dans toute l’Europe, les grands opérateurs (énergie, télécoms, transports) se sont largement désengagés des réseaux d’infrastructures. En France, cette mutation a eu lieu pour les autoroutes mais beaucoup reste à faire en ce qui concerne les réseaux de transport ou de distribution d’énergie. Deux opérations participent de ce mouvement : l’ouverture de capital de GRTgaz en 2011 au profit du groupe Caisse des dépôts, la cession de TIGF par Total en 2013. De nombreux investisseurs financiers de long terme recherchent aujourd’hui des actifs de cette nature.
Dans le domaine énergétique, la part des ENR est encore loin des objectifs nationaux. Les projets classiques (solaire, éolien onshore) devraient assez rapidement bénéficier d’un cadre réglementaire stabilisé. Dans le même temps, les transactions portant sur des parcs en fonctionnement offrent de nouvelles opportunités : quatre projets offshore de très grande taille (2 à 3 Md€ par projet) sont en cours de développement et devraient d’ici 12 à 18 mois voir se poser la question de leur financement. Enfin, à moyen terme, il sera nécessaire d’accompagner l’émergence de nouvelles filières (comme les énergies marines) et d’un véritable marché du stockage de l'électricité.