« Des rayo chargés de bouteilles étiquetées faisaient deviner que la pharmacie y occupait plus de place que la science », écrivait en 1833 Honoré de Balzac da son Médecin de campagne. Science et pharmacie actuelles modernisent la querelle métaphorique antique entre Zeus et Prométhée : l’apport de la connaissance aux hommes.

« Des rayons chargés de bouteilles étiquetées faisaient deviner que la pharmacie y occupait plus de place que la science », écrivait en 1833 Honoré de Balzac dans son Médecin de campagne. Science et pharmacie actuelles modernisent la querelle métaphorique antique entre Zeus et Prométhée : l’apport de la connaissance aux hommes.

Le paradigme pharmaceutique selon lequel l’industrie du médicament est nécessairement tournée vers l’innovation thérapeutique et le progrès semble peu à peu s’étioler. Des faiblesses dans le pipeline des nouvelles molécules sont apparues. Elles proviennent pour l’essentiel des coûts de recherche qui croissent à mesure qu’augmente leur complexité. Faute d’innovation, les firmes se concentrent sur la promotion marketing de leurs produits – princeps ou génériques – existants. Perte de protection des blockbusters, expansion des génériques, critères de sélection des autorités de régulation de plus en plus contraignants, contrôle des dépenses de santé, etc. sont autant de marques de fatigue qui stigmatisent la panne en recherche de nouveaux médicaments.

Pour autant, la population vieillissante, les marchés émergents et les plans pandémiques expriment un besoin grandissant en pharmacie. Roche a d’ores et déjà triplé ses ventes de Tamiflu à 1 milliard de francs suisses et prévoit un milliard de ventes supplémentaires d’ici à la fin de l’année ! Sanofi-Aventis multiplie les acquisitions et enregistre une hausse de 12,9 % de son bénéfice au premier semestre 2009 ! Tout comme les autres producteurs de vaccins, le laboratoire prépare des centaines de millions de doses pour l’hiver.
La pharmacie va bien, que le Sud se rassure.
Manque de solvabilité, prix inabordables, relais d’information inopérants, encadrement réglementaire inexistant ont contraint les États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à réagir l’an passé. Une « stratégie et un plan d’action mondiaux pour la santé publique, l’innovation et la propriété intellectuelle » doivent approfondir la réflexion sur les besoins spécifiques des pays en développement dans le domaine de la recherche et du développement de nouveaux médicaments et de vaccins. L’OMS œuvre également à l’amélioration de l’accès à ces médicaments. On évoque enfin la grande ouverture à de nouveaux mécanismes d’incitation à la recherche, à l’accès facilité à des bases de données sur les brevets et substances, à la mise en commun de brevets, à l’investigation de nouveaux mécanismes de financement, etc. Concrètement, il s’agit de dispositions en droit de la concurrence, de protection des renseignements non divulgués, de lutte contre la contrefaçon de médicaments et d’accords de libre échange.

Les pays industrialisés ont besoin de moderniser leur système de recherche pour répondre aux exigences du marché. Ceux en développement réclament des soins pour combler leurs besoins.

Et si le véritable apport de la connaissance aux hommes s’opérait entre le Nord et le Sud ? Et si l’innovation pharmaceutique du XXIe siècle consistait en un accès partagé au progrès thérapeutique, avec - à l’instar du microcrédit - un business model et pricing différents ?

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