Avec Cegelec, Vinci renforce notablement son pôle énergie
Le rapprochement entre Vinci Énergies et Cegelec permet la création d’un acteur de référence sur le marché européen des services dans l’énergie.
Le segment des services dans l’énergie n’est pas sans rappeler des souvenirs à Xavier Huillard. Avant de devenir directeur général du groupe, il a rejoint Vinci en prenant la présidence de Vinci Énergies après avoir dirigé pour Eiffage, Forclum, son concurrent direct. Pour ce directeur général particulièrement actif, « plusieurs raisons expliquent tout l’intérêt de l’opération ».
Un secteur en forte croissance
« Les activités de Vinci Énergies et de Cegelec sont installées sur des marchés dont la croissance est supérieure au taux de croissance du PIB », confirme-t-il à l’occasion de la présentation des chiffres semestriels de son groupe.
Avec 25 000 salariés répartis dans plus de 30 pays (1 200 implantations), Cegelec propose ainsi des services aux entreprises et aux collectivités. Le groupe intervient principalement dans quatre grands domaines : génie électrique, climatique et mécanique ; automatismes, instrumentation et contrôle ; technologies de l’information et de la communication ; maintenance et services.
Le chiffre d’affaires de ce futur pôle « énergies » dépassera les 7 milliards d’euros. Plus petite division du constructing, Vinci Énergies a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de 4,6 milliards d’euros.
Vinci devient désormais l’un des poids lourds d’un secteur particulièrement atomisé. En France, pas moins de huit acteurs réalisent chacun un chiffre d’affaires supérieur au milliard d’euros.
Co-leader avec GDF-Suez, la part de marché de Vinci n’était que de 8 % et, ainsi que le rappelle Xavier Huillard, « le groupe avait de longue date la volonté de participer à la concentration du secteur ».
Dans une période marquée par la crise mais aussi par les recommandations du Grenelle de l’environnement, le segment s’impose comme une belle locomotive pour le groupe. Vinci peut désormais proposer à ses clients une approche globale de leurs problématiques énergétiques. L’opération est ainsi hautement stratégique pour le constructeur qui cherchait depuis plusieurs années à renforcer ce pôle.
Une clientèle éclatée
Vinci Énergies comme Cegelec bénéficient d’une très forte granularité de leur chiffre d’affaires. Le profil de risque est ainsi particulièrement intéressant avec une grande quantité de contrats de taille modeste. « Les clients sont fidèles », précise d’ailleurs Xavier Huillard. « Nos prestations sont au cœur de leur process. »
Renforcer la position d’ensemblier de Vinci
Xavier Huillard profite de l’expertise et des besoins de son groupe pour expliquer à quel point dans les métiers liés aux infrastructures la dimension système prend progressivement le pas sur le génie civil. « Creuser un tunnel implique des savoir-faire spécifiques à la profession de tunnelier. Et cela nous le maîtrisons parfaitement », argumente-t-il. « Cependant, aujourd’hui, il importe de pouvoir aussi apporter toute une dimension système. Cela va de l’automatisation des détections d’incidents à la captation de la qualité de l’air. »
L’arrivée de Cegelec au sein du groupe permettra désormais à Vinci d’aborder les appels d’offre en qualité d’ensemblier, avec toutes les compétences en interne pour les remporter.
Des complémentarités géographiques
Enfin, le directeur général de Vinci ajoute que Vinci Énergies et Cegelec sont parfaitement complémentaires pour ce qui concerne leurs présences géographiques. « L’arrivée de Cegelec permet d’accélérer notablement notre développement international », souligne-t-il. Les implantations ne sont pas seulement complémentaires en France. Cegelec renforce la pénétration de Vinci en Europe et lui ouvre le marché des pays émergents.
Les cultures d’entreprise devraient également se marier efficacement. Sous LBO depuis 2001, les salariés de Cegelec semblent approuver majoritairement leur rattachement à un actionnaire industriel. Pour Xavier Huillard, l’étape LBO semble un atout pour l’avenir de Cegelec. « Sous la houlette des fonds présents successivement au capital de Cegelec, l’entreprise a augmenté la part de son chiffre d’affaires issu des exportations mais aussi de sa participation aux grands projets internationaux. Vinci Énergies pourra désormais puiser dans ce savoir-faire pour continuer de se développer à l’international, par-delà les frontières de l’Europe ».
Comme les segments des ressources fossiles mais aussi de la défense, des systèmes de transport ou encore du nucléaire, Vinci se renforce par ailleurs significativement sur plusieurs marchés porteurs.
La part de la maintenance multitechnique - une activité particulièrement récurrente et rentable - au sein du chiffre d’affaires augmente également fortement avec l’apport de 800 millions d’euros.
Pour Xavier Huillard, l’intégration de Cegelec au sein de Vinci est une bonne affaire. Le partage des bonnes pratiques, des outils, des capacités d’achat des entreprises devrait permettre de dégager des synergies de l’ordre d’une cinquantaine de millions d’euros par an avant impôt et intéressement. « Une fois traitées, les synergies devraient encore être d’une quarantaine de millions d’euros », se réjouit le directeur général du groupe.