Mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade. Tel pourrait être le truisme de conclusion d’un récent article de l’American Journal of Medecine qui révélait qu’en 2007, les problèmes de santé ont contribué à 62,1 % des banqueroutes individuelles.

Mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade. Tel pourrait être le truisme de conclusion d’un récent article de l’American Journal of Medecine qui révélait qu’en 2007, les problèmes de santé ont contribué à 62,1 % des banqueroutes individuelles.

Au pays du Bill of Rights, la protection sociale n’existe pas. Ou a minima. Actuellement, près de 48 millions d’Américains en sont privés. C’est ce système que Barack Obama souhaite réformer, afin de donner à tous ses concitoyens un accès équitable à des soins complets et de qualité. « Je crois que ce que nous proposons est une tentative très modeste destinée à faire en sorte que les familles qui travaillent dur aient une couverture médicale à laquelle elles puissent s’en remettre en toute sécurité, a-t-il assuré, avant d’ajouter, Il ne s’agit pas d’un plan extrémiste ». Extrémiste ?
Les attaques politiques fusent : des Républicains comparent Obama à Hitler ou griment sa photo en Joker de Batman. Les moins véhéments, s’appuyant sur les Américains traumatisés par la « Peur rouge », le qualifient de « socialiste ». Le président démocrate a beau expliquer que la réforme n’aura aucun impact fiscal sur les ménages gagnant moins de 250 000 dollars par an (170 000 euros), de nombreux doutes demeurent quant au financement par la seule chasse aux gaspillages et aux abus. Par-delà l’ingérence dans les dépenses publiques, il s’agit d’une nouvelle manifestation de la sacro-sainte liberté individuelle « du choix ou du non-choix ». Le choix d’avoir le choix. Le choix d’être riche.

À l’opposé de cette option, il y a la France qui lit Tocqueville.
Le système de protection sociale, s’il y est éthiquement exemplaire, accuse néanmoins un déficit abyssal. Pas moins de 23 milliards d’euros en 2009, dont 11,2 milliards pour la seule branche maladie ! Toutes les idées pour pallier ce gouffre sont bonnes à prendre. Cette année, le gouvernement poursuit sa dynamique de déremboursement de certains médicaments et de hausse du plafond du forfait hospitalier. Au rang des nouveautés, la surveillance des arrêts-maladie, des dépenses liées aux transports sanitaires et des tarifs de spécialistes est évoquée. Sur ce dernier point, Assurance-maladie, complémentaires santé et syndicats de médecins libéraux viennent de signer un accord. Le « secteur optionnel » est prévu pour la fin 2010. Inchangé depuis près de 30 ans, le secteur libre avait volé au secours des praticiens et de l’Assurance-maladie asphyxiée. Dans un souci d’équité, le nouveau secteur optionnel de tarification favorisera l’accès des patients aux spécialités de chirurgie, anesthésie et obstétrique. Également aux médecins, qui bénéficieront de réductions de cotisations sociales sur la part de leurs actes facturés sans dépassement.

Deux systèmes de protection différents et deux déficits. Pourtant, on souffre des mêmes maux et de manière semblable, qu’on soit américain, français ou péruvien. Être riche et en bonne santé ou pauvre et soufrant ne doit pas occulter l’heureux corollaire des coûts et déficits sociaux : l’amélioration de la prise en charge des malades et des pathologies graves et chroniques, les innovations thérapeutiques… et l’allongement de la durée de vie !

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