Déficit abyssal de l’assurance maladie, perte de brevets, risque réglementaire et réforme américaine contrariée, innovation en berne, concurrence faussée, génériques envahissants… 2009 se termine en suspe pour l’industrie de la santé, qui sous bien des aspects affiche sa dualité.

Déficit abyssal de l’assurance maladie, perte de brevets, risque réglementaire et réforme américaine contrariée, innovation en berne, concurrence faussée, génériques envahissants… 2009 se termine en suspens pour l’industrie de la santé, qui sous bien des aspects affiche sa dualité.

D’un côté, avec un chiffre d’affaires 2008 cumulé de plus de 380 Md$ (env. 258 Md€), les dix plus grands laboratoires mondiaux enregistrent des ventes qui dépassent l’entendement. Ne serait-ce qu’en France, les entreprises du médicament ont réalisé la même année un chiffre d’affaires de 26,2 milliards d’euros, soit une hausse de 2,7 % par rapport à 2007.
Dans un marché boursier tourmenté, les valeurs pharmaceutiques sont plus que jamais considérées comme des refuges en pleine crise financière et économique. Le vieillissement de la population au Nord et la hausse de la demande au Sud portent tous les espoirs.

D’un autre côté, rien n’empêchera un nouveau modèle économique de l’industrie pharmaceutique de se mettre en place. Combien de temps ont désormais les laboratoires pour s’appuyer sur leur production chimique traditionnelle ? La chute des brevets conjuguée à la fabrication de génériques dans des pays du Sud, et associée aux nouvelles méthodes de R&D issues des biotechnologies, bouleversent la donne.

Les laboratoires rivalisent d’audace et de vitesse pour diversifier leurs sources de revenus. Ils développent plusieurs points stratégiques. Les biotechnologies préfigurent les laboratoires de demain, à travers des acquisitions comme Millenium Pharmaceuticals par Takeda Pharmaceutical pour plus de 8 Md$ ou les reprises à prix d’or, comme MGI Pharma, Pharmion Co., ou Kosan Biosciences.
Mieux protégés des génériques, les vaccins deviennent un point névralgique du développement. Les rachats se multiplient d’ailleurs : Solvay par Abbott pour 4,5 Md€ ou Shantha Biotechnics par Sanofi.
La santé animale se présente également comme un relais de croissance. Sanofi s’astreint à créer le géant mondial de la catégorie, en reprenant Mérial pour 4 Md$, puis en s’alliant avec Intervet. Autre stratégie, l’acquisition d’Oenobiol par Sanofi, le marché des produits grand public nutrition et beauté intéresse les géants.
« If you can’t beat them, join them! », telle pourrait être la devise des grands groupes pharma qui n’hésitent plus à concevoir une seconde vie pour leurs médicaments ou à racheter des entreprises de génériques. Aveu d’impuissance ? Loin s’en faut.

« La survie de l’industrie pharmaceutique reposera sur de nouveaux modèles économiques fondés sur la collaboration », prévoit PricewaterhouseCoopers dans son rapport Pharma 2020 (Challenging your business model, mai 2009). À l’image des mouvements de concentration et vagues de fusions-acquisitions, la co-entreprise entre GSK et Pfizer sur le VIH confirme que les big pharmas explorent des modes de collaboration inédits. Les sempiternelles levées de fonds des firmes de biotechnologies pourraient ainsi être facilitées. La recherche sera également largement décentralisée. Les contrats de recherches externalisés (CRO) en Europe vont bondir de 7 à 13,5 milliards d’euros dans les quatre prochaines années, souligne Frost & Sullivan.

Le gouvernement et les industriels de la santé, réunis à l’occasion de la réunion du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), confirment la volonté de maintenir la compétitivité du secteur. Les partenariats dans la recherche entre public et privé seront accentués. Piquée au vif, l’industrie pharmaceutique n’envisage pourtant pas de transfusion.

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