Décideu : Vous avez pris la respoabilité de l’activité corporate finance de PricewaterhouseCoope (PwC) en France l’an dernier. Pouvez-vous nous donner quelques points de repère concernant votre positionnement sur le marché du M&A, et l’offre de services de PwC ?

Décideurs : Vous avez pris la responsabilité de l’activité corporate finance de PricewaterhouseCoopers (PwC) en France l’an dernier. Pouvez-vous nous donner quelques points de repère concernant votre positionnement sur le marché du M&A, et l’offre de services de PwC ?
Tarique Shakir-Khalil :
Au sein de l’activité de conseil, les équipes sont réparties pour deux tiers dans le métier du consulting et un tiers dédiées aux transactions, dont le corporate finance. Au niveau mondial, le corporate finance de PwC englobe environ 1 000 collaborateurs et réalise en moyenne une transaction par jour, principalement sur le mid-market.

Décideurs : Constatez-vous comme certains l’apparition de nouvelles bulles ?
T. S. K. :
Au niveau macroéconomique nous savons qu’il y a eu en effet beaucoup de liquidités injectées. En revanche, leur montant ne peut compenser les pertes liées à l'éclatement de la bulle du crédit. C’est pourquoi, au niveau macro, je ne vois pas de sujet spécifique dans l’immédiat.
En revanche au niveau micro, nous remarquons une relative survalorisation dans certains secteurs. Grand nombre de ces micro-bulles devraient éclater dans un avenir proche, mais la spéculation et le phénomène de bulle sont indissociables de la nature humaine.

Décideurs : Quelles sont vos anticipations concernant le marché du LBO cette année ?
T. S. K. :
En dépit de l’éclatement de la bulle de crédit, nous constatons que les prix se maintiennent en moyenne sur les LBO. Dans ce contexte, je m’interroge sur le risque d’une bulle d’equity ? Ma position est simple. Depuis fin 2007, l’économie traverse une période très difficile et le volume de transactions a fortement chuté. Or, il y a toujours autant d’argent géré par les fonds de private equity. Si les prix se maintiennent, cela peut s’expliquer par ce rapport de l’offre par rapport à la demande. Dans un contexte où l’accès au crédit pour les LBO demeure difficile, cela peut également expliquer, en partie, un recours important à l’equity pour financer les transactions « full equity », au moins dans un premier temps. Ce risque de « sur-equitisation » pourrait peser sur la rentabilité des fonds de private equity. En revanche, la période « post-crise » peut faire apparaître de belles opportunités d’investissement que les investisseurs les plus avertis sauront faire tourner à leur avantage.

Décideurs : À l’heure actuelle, comment évolue le M&A dans les différentes régions du monde ?
T. S. K. :
Il est intéressant de voir que, sur le marché américain, les acquisitions réalisées par des étrangers aux US se sont effondrées, avec un recul de 77 % en 2009. En revanche, avec un recul de 15 %,  les firmes US ont globalement maintenu le volume de transactions transfrontalières l’an dernier.
Pour les pays du Moyen-Orient, le recul des acquisitions à l’étranger a été particulièrement fort et relève d’une nouvelle tendance, voire d’un changement de philosophie d’investissement de leur part. Après avoir massivement investi leurs pétrodollars dans les zones économiques diversifiées comme les US ou l’Europe, les pays du Golfe choisissent de plus en plus de diriger ces fonds dans la région du Moyen-Orient ou au Maghreb où ils maîtrisent mieux les risques et peuvent espérer une croissance du PIB supérieure aux pays occidentaux.

La motivation des pays asiatiques demeure de cibler des acquisitions qui leur apportent de la valeur ajoutée sur leurs propres marchés domestiques en acquérant une technologie, une marque ou un savoir-faire européen par exemple, ou encore en sécurisant un accès aux matières premières.

Décideurs : Quel sera, selon vous, le type d’opérations qui devrait porter votre activité cette année ?
T. S. K. :
Le distressed M&A et le debt advisory vont jouer un rôle important en 2010. La reprise du marché M&A se fera lentement. Certains secteurs, comme, par exemple, la santé et les services aux entreprises, devraient être dynamiques. Le marché sera également animé par certains types de transactions comme les spin-offs industriels ou les PME familiales à la recherche de financement pour soutenir leur développement.

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