Parti de rien, Lula est devenu le porte-parole des déshérités. Espoir de toute une population, ce roi de la communication s’est très vite retrouvé confronté aux réalités économiques et sociales de son pays. Leader par excellence, il italle le Brésil sur le devant de la scène internationale. Pourtant, un an avant la fin de son deuxième mandat, son bilan demeure contrasté.
Lula - l'enfant pauvre devenu président
Parti de rien, Lula est devenu le porte-parole des déshérités. Espoir de toute une population, ce roi de la communication s’est très vite retrouvé confronté aux réalités économiques et sociales de son pays. Leader par excellence, il installe le Brésil sur le devant de la scène internationale. Pourtant, un an avant la fin de son deuxième mandat, son bilan demeure contrasté.
Un président, 6 membres du gouvernement et 20 patrons d’entreprises. En ce 6 septembre 2009, la délégation française a débarqué en nombre au Brésil. Les accords entre ces deux pays se multiplient. Lors des sept dernières rencontres, 8 milliards d’euros de contrats ont été signés. Et pour ce voyage, les enjeux sont encore plus importants.
Le contrat en question porte sur la vente de 36 rafales à l’armée brésilienne pour un montant de 5 milliards d’euros. La France n’est pas une exception. Industriels et gouvernements de tous les pays font les yeux doux à Luiz Inacio Lula da Silva.
Pourtant, il y a 50 ans, personne n’aurait dit que cet enfant, né dans une famille indigente de l’État du Pernambuco, l’un des plus pauvres du pays, prenne la tête de cette puissance économique en devenir.
Une enfance difficile
Avant dernier d’une famille de sept enfants, le futur président a manqué de tout. Il ne mange pas à sa faim et est souvent obligé de boire de l’eau croupie. Son père, ouvrier, les abandonne pour partir tenter sa chance à São Paulo. Il continue néanmoins à envoyer de l’argent. Lula voue un amour démesuré à sa mère, paysanne analphabète, qui les prend en charge et qui réussit à l’envoyer pendant un temps à l’école.
Alors qu’il est âgé de 5 ans, son père les invite à venir le rejoindre. Mais la joie est de courte durée. Une fois arrivé sur place, il apprend que son père a fondé une nouvelle famille. Les deux tentent de cohabiter. Mais très vite, la séparation devient inévitable. Lula, sa mère et ses six frères et sœurs partent s'installer en banlieue. Son père déclare sa préférence pour sa deuxième famille et ne vient que très rarement s’occuper d’eux. Après cela, Lula restera très distant de son père.
En août 1960, âgé de 14 ans, il est embauché comme apprenti mécanicien. À la fin de sa formation, en 1964, il demande une augmentation salariale en arguant sa plus grande qualification. Il ne l’obtient pas et démissionne sur le champ. S’en suit une série de petits boulots : cireur de chaussures, coursier, vendeur ambulant et ouvrier. Il perd son petit doigt dans un accident du travail mais est obligé de retourner à l’usine 13 jours plus tard pour aider sa famille.
Un syndicaliste sans concession
C’est lors de son arrivée, à l’âge de 21 ans, aux usines de Villares, l’un des principaux centres métallurgiques du pays, que Lula prend contact avec les mouvements syndicaux. La répartition de la richesse et les conditions de travail le scandalisent. En moins de six ans, il est élu premier secrétaire du syndicat des métallurgistes de la section de São Bernardo do Campo, dans la banlieue industrielle de São Paulo. En 1975, il devient président du syndicat avec 92 % des voix. Il représente alors plus de 100 000 travailleurs.
Grâce à ses qualités d’orateur, il parvient à créer de grands mouvements populaires. En mars 1979, Lula démarre une grève ouvrière sans précédent dans l’histoire du pays afin d’obtenir des augmentations salariales. Elle regroupe pas moins de 174 000 métallurgistes. Les grévistes réussissent à bloquer la principale banlieue industrialisée de São Paulo. Deux mois plus tard, un accord est trouvé entre les patrons et les syndicats. Bien que les revendications salariales n’aient pas été totalement obtenues, le résultat politique est important. Il marque une rupture. Pour la première fois, le gouvernement révèle son aspect répressif et ses relations ambigües avec les multinationales.
Après cet événement, le leadership de Lula est réconforté. Le syndicat apparaît alors comme la seule alternative à un gouvernement jugé corrompu. En 1980, Lula conduit une grève historique de 41 jours dont les meetings rassemblent plus de 100 000 métallurgistes. Un chiffre d’autant plus remarquable que la dictature interdit les rassemblements. Cette fois, la campagne menée par Lula comporte des revendications sur les garanties en matière de droit du travail et la réduction de la durée de labeur à 40 heures hebdomadaires.
De l’ouvrier gauchiste au gauchiste ouvrier
Cette grève vaut à Lula d´être emprisonné avec ses compagnons, pendant 31 jours au titre des lois sur la sécurité de l'État. Mais cela, n’arrête pas le mouvement, bien au contraire. Le 1er mai, 120 000 personnes se réunissent à Sao Bernardo do Campo.
Face à cet engouement, Lula et ses compagnons de prison entament une grève de la faim pendant six jours.
Le 11 mai, la grève stoppe. La majorité des revendications sont obtenues. Peu à peu, Lula devient le leader et le symbole de ce mouvement de résistance. Il profite de ce succès pour créer son parti : le PT (Parti des Travailleurs).
Il est composé de syndicalistes, d’intellectuels et de représentants des mouvements sociaux, comme le mouvement des sans terre. Le succès est immédiat. En deux ans, le PT réussit à s'implanter dans la quasi-totalité du territoire national. Lula mène l'organisation du parti et dispute cette année là le poste de gouverneur de São Paolo.
Sous sa conduite, le PT est de tous les combats. En 1984, il participe activement à la grande campagne Diretas Ja, lancée en 1984 pour les élections au suffrage universel direct. Ce n'est pourtant qu'en 1989 que seront organisées les premières élections démocratiques. Lula y sera déjà candidat. Il échouera, de très peu, contre Fernando Collor de Mello candidat de droite, et contre Fernando Henrique Cardoso, leader du PSDB (Parti de la social-démocratie brésilienne) en 1994 et 1998.
La communication :
l’arme stratégique de Lula
Comme lors de ses années glorieuses de syndicaliste, Lula a compris l’intérêt qu’il avait à communiquer. Pour cette quatrième campagne, il met de l’eau dans son vin. Lula, l’ancien syndicaliste radical, change de ton. Il surprend même dans son parti par la modération de son discours. Finies les longues tirades révolutionnaires contre le « grand capital », il opte pour la conciliation et la négociation.
Avant les élections, il annonce même être en faveur du remboursement de la dette au FMI (Fonds Monétaire International) par l’État brésilien. Pour justifier ce changement, il se contente d'affirmer qu’il a « mûri, comme tout le monde ». « Le Brésil, et le monde, évoluent. Moi aussi » conclut-il.
En 2002, âgé de 57 ans, il devient avec 53 millions de voix, un score sans précédent depuis le retour à la démocratie en 1985, le premier président issu de la classe populaire. Jouant toujours sur son image d’enfant pauvre, il déclare lors de son discours d’investiture : « je n’ai jamais reçu de diplômes. Le premier que je reçois de toute ma vie est celui de président de la République ». Le mythe est né.
Par la suite, il ne cesse de communiquer dessus. Une fois en place, il devient omniprésent. Il crée une émission radio bimensuelle Café da manhã com o Presidente (Petit Déjeuner avec le Président) dans laquelle il commente l’actualité, présente ses nouveaux projets et rend des comptes.