Da un environnement économique des plus fragiles, le cabinet anglo-américain K&L Gates a de quoi faire des jaloux. Cette année, la firme s’est offert une nouvelle vitrine à Chicago en fusionnant avec un cabinet local de premier plan, puis a ouvert pas moi de trois bureaux à trave le monde à Francfort, Dubaï et Singapour. Confiant, K&L Gates se prépare à la sortie de crise afin de se positionner, parmi les leade du marché juridique global.

Dans un environnement économique des plus fragiles, le cabinet anglo-américain K&L Gates a de quoi faire des jaloux. Cette année, la firme s’est offert une nouvelle vitrine à Chicago en fusionnant avec un cabinet local de premier plan, puis a ouvert pas moins de trois bureaux à travers le monde à Francfort, Dubaï et Singapour. Confiant, K&L Gates se prépare à la sortie de crise afin de se positionner, parmi les leaders du marché juridique global.

Hyperactif. L'adjectif convient parfaitement au cabinet K&L Gates.
Ces cinq dernières années, la firme d’origine américaine n’a pas freiné sa stratégie d’expansion. Après une fusion avec le cabinet londonien Nicholson Graham 2005, une série de fusions aux États-Unis en 2007 et 2008, puis une succession d’ouvertures de bureaux en Europe et au Moyen-Orient cette année, la santé de fer qu’affiche le cabinet attire les convoitises sur un marché fragilisé. Entre 2007 et 2008, le chiffre d’affaires global a augmenté de plus de 20 % pour atteindre 959,4 millions de dollars. Une jolie performance en temps de crise.

L’épopée américaine puis internationale de la structure a été fulgurante. Finalement, K&L Gates est une jeune firme, résultat fructueux d’une fusion tripartite et multiculturelle qui a eu lieu en deux temps.

Aux origines du cabinet,
la Pennsylvanie
Parmi les membres fondateurs du géant d’aujourd’hui K&L Gates, se trouve le cabinet Kirkpatrick Lockhart, né dans les années 1940 sur la côte est américaine, à Pittsburgh.

La ville implantée au cœur de la Pennsylvanie, durement touchée par la crise économique des années 1980, n’est plus la triste Steel City d’il y a 20 ans. La ville abrite de prestigieux centres de recherche (Sony et Google l'ont choisie pour accueillir un de leur bureaux) et fait désormais partie du marché juridique non seulement régional et national, mais également international avec des cabinets d’avocats d’affaires de premier plan. À l’image de Kirkpatrick Lockhart.
Dès les années 1980, le cabinet se déploie sur la côte est ainsi que dans le Sud des États-Unis : des villes et centres d’affaires comme Boston, Dallas, Miami, Washington DC etc. font partie des nouveaux bureaux de « K&L ».
Pittsburg représente encore à ce jour le plus important, en termes d’effectif, bureau du cabinet avec plus de 200 avocats et une centaine d’associés.

Des jambes américaines,
des bras britanniques
Peter Kalis, le chairman et global managing partner de Kirkpatrick Lockhart devenu chairman de K&L Gates, va être l’architecte de la nouvelle expansion du cabinet.

En 2005, la firme de Pittsburgh prend un nouveau virage avec une fusion remarquée : celle avec le cabinet londonien Nicholson Graham & Jones. Le pari est risqué : bien souvent, l’océan qui sépare les cultures anglaise et américaine peut se poser comme un obstacle insurmontable à la bonne intégration des équipes, au succès de la fusion (différence de business model, modes de rémunération distincts, etc). Pourtant, ce n’est pas la seule fois qu’un cabinet originaire de Pittsburgh opère une fusion avec un cabinet de la City?: en 2006, Reed Smith se rapprochait du Londonien Richards Butler pour donner naissance à un nouveau géant international.
Martin Lane, l'associé Londonien de Nicholson Graham & Jones et aujourd’hui managing partner pour l’Europe chez K&L Gates, se défend de toute déception ou heurt de part et d’autre de l’Atlantique : « le projet de fusion a pu aboutir car chacun était prêt, et surtout envieux de participer à la naissance et au développement d’une one single firm ». Il souligne d’ailleurs « la mise en place au sein de la firme d’un processus d’intégration très solide, non seulement après toute fusion, mais aussi après toute arrivée de nouvel associé ». De quoi permettre à chacun de se sentir à l’aise, à sa place.

Mariage entre Pittsburgh et Seattle
En janvier 2007, Kirkpatrick & Lockhart Nicholson Graham change d’échelle et fusionne avec la firme de Seattle Preston Gates & Ellis. Un nouveau géant US baptisé K&L Gates, est né.

Le nouveau « partenaire » dispose d’une belle image de marque dans le domaine de l’IP?/?IT. Parmi les clients historiques de la firme de la côte ouest, on peut citer, entre autres, le géant américain Microsoft (pour l’anecdote, l’un des associés fondateurs de Preston Gates & Ellis n’est autre que le père d’un certain Bill Gates).

En se rapprochant de Preston Gates, Kirkpatrick Lockhart est non seulement devenu K&L Gates, mais a aussi traversé les États-Unis et le Pacifique. Martin Lane précise : « la fusion a apporté trois éléments fondamentaux au cabinet?: une présence en Asie avec près de 60 avocats, une forte practice régulation et public policy à Washington DC, ainsi qu’une présence sur toute la côte ouest américaine, avec Seattle mais également San Francisco. »

Une couverture US de la côte est
à la côte ouest
La conquête américaine n’est pas pour autant achevée. Un an plus tard, en janvier 2008, K&L Gates fusionne avec le Texan Hughes & Luce et ses 150 avocats. En juillet 2008, avec Kennedy Covington Lobdell & Hickman, une équipe basée en Caroline du Nord, et en mars dernier, avec un cabinet indépendant de Chicago - Bell Boyd & Lloyd est l’un des plus importants de la ville - dont l’équipe IP dispose d’une forte visibilité sur le marché national.
Aux États-Unis, les différentes fusions ont permis à K&L Gates de couvrir l’ensemble du territoire américain, de la côte est à la côte ouest, en passant par Miami, Austin et Chicago. Aussi de diversifier ses compétences.

Ainsi aujourd’hui, le cabinet intervient aussi bien en corporate, en immobilier (notamment au Texas et en Caroline du Nord), en régulation (tout particulièrement à Washington DC), qu’en financial services, contentieux et arbitrage et IP?/?IT (activité historique).

Après les États-Unis, cap sur
l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie
Tandis que le cabinet de Pittsburgh était tourné vers l’Europe (avec un bureau à Londres depuis sa fusion avec Nicholson Graham & Jones), la firme de Seattle s'était développée en Asie (à Hong Kong en 1996). K&L Gates est désormais un cabinet international et l’équipe dirigeante en passe de renforcer sa globalisation. Le managing partner explique : « dès la fusion entre Kirkpatrick et Nicholson Graham en 2005, l’objectif n’a pas été de devenir une simple firme US?/?UK présente à l’international, mais bien de devenir une firme internationale à part entière ».
Martin Lane poursuit : « parce que nos clients se sont internationalisés, nous les avons suivis tout particulièrement au-delà des États-Unis, territoire historique de K&L Gates ».
Cette année, K&L Gates a ainsi gagné le Moyen-Orient avec l’ouverture d’un bureau à Dubaï. La firme a renforcé sa présence en Asie avec un nouvel office à Singapour.

Allemagne, terre de croissance
À partir de Londres, K&L Gates est en mesure de partir à la conquête de l’Europe. La première étape est allemande, avec l’ouverture d’un bureau à Berlin en janvier 2007.
La pénétration du marché est un nouveau succès pour la structure et en début d’année, K&L Gates gagne le centre d’affaires de Francfort avec le recrutement de quatre avocats de l’implantation locale du Britannique Simmons & Simmons.
Dans la capitale allemande, le développement se poursuit : la firme a accueilli au début de l’été une équipe d’avocats spécialisés en PPP et droit de la concurrence, menée par l’ancien associé de Freshfields Bruckhaus Deringer, Friedrich Ludwig Hausmann.
Parallèlement, le cabinet franchit une seconde étape : française, cette fois-ci.

Paris : 3e bureau européen
En janvier 2008, soit un an après l’ouverture du bureau berlinois, K&L Gates s’implante à Paris. C’est un duo féminin d’associées qui posera les premières pierres du cabinet.
Diane Hedary et Olivia Lê Horovitz, précédemment chez Kahn & Associés, interviennent principalement dans les domaines du corporate, des fusions-acquisitions, du capital investissement et du droit immobilier.

En mars 2009, le bureau parisien renforce une nouvelle fois ses compétences en opérations transfrontalières avec l’arrivée d’un ancien associé de Dechert, Joseph Aragonès, inscrit au barreau de New York (et celui de Londres), comme Diane Hedary.

Le scénario d’outre-Rhin se répète à Paris : les arrivées se poursuivent, mais ne se ressemblent pas. Cet été en effet, K&L Gates Paris déploie son offre de services en accueillant deux associés spécialistes en contentieux et arbitrage (national et international). Sabine Konrad, ex-Dewey & LeBoeuf à Paris, et Louis Degos, ex-Eversheds, sont venus avec leur équipe respective : de quoi rivaliser avec les plus belles pratiques de la place de Paris. Louis Degos rappelle : « le litigation fait partie de la culture K&L Gates. Une proportion significative de l'activité provient du département et le président Peter Kalis, est lui-même un spécialiste du contentieux ».
Le bureau n’est toutefois qu’à ses débuts : « il y a, à Paris, quelques chaînons manquants comme le droit bancaire, la concurrence, l’IP?/?IT ou encore le droit social. Mais nous y travaillons actuellement », tempère Martin Lane. Mais l’associé londonien ne s’inquiète pas : il promet l’annonce prochaine de plusieurs arrivées parisiennes.

Dans les starting-blocks
Loin d’être agressive, la politique d’expansion de K&L Gates - certes impressionnante - est réfléchie : au-delà du contexte économique, le cabinet veut aller de l’avant et être prêt pour l’après-crise. Un tel projet entrepreneurial a de quoi séduire et attirer de nouveaux associés, en Europe et au-delà. Après le temps des fusions pluriculturelles, l’heure de la consolidation est arrivée.

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