Entretien avec Clyde E. Rankin, Partner, Baker & McKenzie NY«?Les juristes ont trois points de mire?: la corporate gouvernance, les problèmes de taxes et la respoabilité juridique?»

Entretien avec
Clyde E. Rankin,
Partner, Baker & McKenzie NY

«?Les juristes ont trois points de mire?: la corporate gouvernance, les problèmes de taxes et la responsabilité juridique?»

 

Décideurs : Quelles sont les précautions juridiques qu’une compagnie doit prendre lors de son installation aux États-Unis ?
Clyde E. Rankin?: Les précautions juridiques inhérentes à l’internationalisation ne varient que peu en fonction du lieu d’implantation. Pour ce qui est d’une acquisition par exemple, la due diligence s’impose, sans distinction géographique.
Les juristes qui encadrent une ouverture de bureau aux États-Unis ont trois points de mire : la corporate gouvernance, les problèmes de taxes et la responsabilité juridique. Pour la responsabilité juridique, nous veillons  entre autres, à isoler l’actionnaire.

Décideurs : Le cas d’échec d’implantation d’entreprises françaises aux États-Unis est-il fréquent ?
C. R.?: Non, l’implantation se fait assez facilement. En revanche, si la stratégie d’entrée passe par une acquisition et que l’entreprise acquise n’est pas saine, il va de soi que la durée de vie sur le marché américain sera courte. La réalisation d’une due diligence exigeante vient contrer cet écueil.
Les joint-ventures fructueuses entre firmes américaines et françaises pullulent. J’ai assisté à un cas de rupture de joint-venture entre deux équipementiers aéronautiques rapprochés dans le cadre d’un appel d’offre et d’une contre-offensive face à un leader américain. Mais les joint-ventures transatlantiques sont plutôt pérennes.

Décideurs : Quelles sont les forces et les faiblesses des entreprises françaises qui s’internationalisent aujourd’hui ?
C. R.?: Les Français se montrent très innovants en IP?/?IT. La créativité française dans les secteurs de la pharmacie, de l’aviation et de l’énergie est reconnue sur le marché américain.
En revanche, la commercialisation de ces innovations n’est pas une force française. Dès qu’il s’agit de pénétrer un marché, les Américains s’avèrent plus efficaces. Baker est intervenu sur le dossier d’un brevetage français dans le packaging de produits réfrigérés, diffusé par une entreprise américaine. L’opération a été un énorme succès tant le produit correspondait à une demande sur le marché.
Les Français ont également la chance d’avoir une image de marque rattachée à leur produit. Cet avantage peut faciliter l’économie de marketing lors d’une installation, surtout dans le luxe

Décideurs : Quels sont les secteurs forts aux États-Unis ? Quelles opportunités de croissance offre le marché américain pour les entreprises françaises ?
C. R.?: La biotechnologie est un secteur d’avenir. Les compagnies pharmaceutiques américaines investissent ce marché : la fin de la durée des brevets, qui va de pair avec l’autorisation de commercialisation des produits génériques, annonce la recherche massive de nouveaux produits. La population américaine est vieillissante...
Le secteur énergétique offre également d’excellentes opportunités de développement aux États-Unis, notamment dans le nucléaire. Le mix énergétique américain n’est pas viable. Les Américains ne pourront se contenter longtemps de la production éolienne et devront accélérer l’équipement en infrastructures nucléaires.
La conjoncture est nettement favorable aux Européens désireux de s’installer sur le marché américain, tous secteurs confondus. Le prix de rachat des entreprises américaines est totalement sous-évalué. À cette tendance vient s’ajouter la baisse du prix du dollar qui fait que la qualité des opportunités en M&A avec les États-Unis est sans précédent.

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