« Les dernières évolutions en matière de fiscalité sur les plus-values réduisent l’intérêt de la détention en direct d’actions dans un mandat classique »
Décideurs. Après une année 2012 difficile, comment voyez-vous évoluer la conjoncture dans la période qui s’ouvre ?

Jean-Philippe Taslé d’Héliand. La crainte d’une explosion de la zone euro semble s’éloigner depuis l’été 2012 grâce aux mesures structurelles qui ont été adoptées sur le budget et l’union bancaire. À l’inverse, la situation que nous connaissons actuellement, marquée par de faibles niveaux de croissance et d’inflation, un chômage élevé et un processus de désendettement, devrait se prolonger encore quelques années. L’Europe s’est engagée sur la voie de l’assainissement des finances publiques, et de nouveaux transferts de souveraineté seront indispensables.

Décideurs. Quelles sont les classes d’actifs que vous privilégiez à l’heure actuelle ?

J.-P. T. d’H. Le défi que doivent relever les gestionnaires d’actifs dans l’environnement actuel de taux d’intérêt très faibles peut se résumer ainsi : comment assurer une performance de l’ordre de 4 % - soit grosso modo l’inflation plus la fiscalité sur le patrimoine - sans réintégrer un niveau de risque élevé au sein des portefeuilles ? L’exercice est délicat. L’obligataire souverain est cher, avec des taux d’intérêt à leur plus bas niveau historique après trente ans de baisse. Mais tant que notre univers restera récessif, il est peu probable de les voir remonter rapidement, malgré le constat suivant : la France, qui n’a jamais été aussi endettée, n’a par ailleurs jamais emprunté à des taux aussi avantageux ! D’autres actifs présentent un ratio risque/rendement autrement plus intéressant : la dette souveraine des pays émergents ainsi que l’obligataire corporate européen. Les fonds obligataires datés, notamment, offrent un rendement attractif tout en libérant les investisseurs de la valorisation marked-to-market.

Décideurs. Les marchés d’actions ont commencé à se redresser au cours du second semestre 2012. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de cette classe d’actifs ?


J.-P. T. d’H. Il est vrai que les actions sont aujourd’hui peu chères. Le problème est qu’elles peuvent très bien le rester. Les marchés d’actions américain et européen, étant donné les primes de risque élevées constatées, sont manifestement décotés. Le coté, paradoxalement, est actuellement plus décoté que le non-coté ! La liquidité qu’offrent les marchés cotés apporte un plus par rapport au private equity. Chez Oddo Banque privée, nous sélectionnons les actions selon plusieurs critères dont celui de la rentabilité des capitaux engagés, qui doit être supérieure au coût du capital. Nous recherchons un rendement d’au moins 10 % des capitaux engagés, des entreprises faiblement endettées, avec un free cash-flow positif et exposées à la concurrence internationale. Le timing est par ailleurs essentiel : une entreprise performante, mais cotée à son juste prix, n’est pas forcément un bon investissement. Nous recommandons les actions à des clients qui ont un horizon d’investissement à long terme, plutôt qu’à des investisseurs qui sont à la retraite et qui recherchent davantage la sécurisation de leur patrimoine financier.

Décideurs. 2012 fut également une année de grandes évolutions sur le terrain de la fiscalité. Quelles sont les enveloppes les plus attractives dans l’environnement actuel ?

J.-P. T. d’H. Les dernières évolutions en matière de fiscalité sur les plus-values réduisent l’intérêt de la détention en direct d’actions dans un mandat classique. Par conséquent, le PEA, qui exonère d’impôts sur la plus-value au-delà de huit ans de détention et hormis les prélèvements sociaux, apparaît comme une bonne solution. L’assurance-vie conserve également tout son attrait, d’autant plus qu’en cas de participation bénéficiaire bloquée, les rachats ne seront pas fiscalisés. De même, compte tenu de l’instabilité fiscale, les contrats qui permettent de sortir les plus-values latentes de la base de calcul du plafonnement de l’ISF sont particulièrement intéressants. Des dispositifs comme le Perp pour les salariés, le Madelin pour les travailleurs non-salariés ou encore le Girardin présentent également des avantages certains, notamment dans la perspective de la retraite. Les montants souscrits sont en effet déductibles de l’impôt sur le revenu sous réserve de certaines conditions.

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