Pierre-Frédéric Rouberties, responsable pédagogique de CentraleSupélec Executive Education nous éclaire sur l'évolution des métiers de la DSI.

Les chiffres parlent par eux-mêmes. Selon une étude publiée en septembre 2014 par McKinsey & Company, les entreprises qui réussiront leur mutation numérique pourraient voir leur résultat opérationnel grimper de 40 %. Quant à celles qui ne sauront pas s’adapter, leur résultat pourrait diminuer de 20 %. Rien d’étonnant, d’une certaine manière, car le numérique pèse déjà pour 110 milliards d’€ dans le PIB de la France, et sa progression est fulgurante.

 

S’il ne s’agissait que de remplacer une technologie désuète par une technologie de pointe, comme au siècle dernier, ce serait relativement facile. Or, les enjeux sont beaucoup plus vastes : le numérique se développe à une telle vitesse que les entreprises doivent non seulement changer, mais développer une culture de changement continu, déployer de nouveaux modes opératoires et même inventer de nouveaux modèles d’affaires. Comme les systèmes d’information sont intimement liés au numérique, la grande majorité des métiers de la DSI sont eux aussi en profonde mutation.

 

Cette multiplication « exponentielle » des possibilités offertes par le numérique a aussi pour conséquence que les entreprises peinent à prévoir, à anticiper, et donc à planifier des avenirs de plus en plus rapprochés. De là, la DSI est appelée à revoir son modus operandi.

 

Quelles réponses apporte-t-on à cette problématique tentaculaire? Les entreprises les plus dynamiques passent en mode agile en imposant la multidisciplinarité et l’interactivité, en rapprochant les frontières entre les métiers, en créant des équipes hybrides constituées à la fois d’experts en gestion de projet et en exploitation et d’experts en informatique. Ce qui sollicite un nombre de plus en plus élevé de développeurs et de spécialistes en pilotage de solutions.

 

Certaines entreprises ont même trouvé leur inspiration dans les startups les plus performantes, modèles d’ingéniosité et d’agilité. Elles reproduisent le modèle à l’interne ou prennent une startup externe sous leur aile, manière incubation. À l’interne, cette cellule réunit des ressources humaines déjà en place auxquelles s’ajoutent bien souvent de nouvelles recrues.

 

Quoi qu’il en soit, tous les métiers de la DSI n’ont d’autre choix que d’évoluer à la vitesse de l’évolution. Une évolution dont nous ne voyons pas encore les limites : le jour où les entreprises auront réussi à traiter et à utiliser les données de ce que l’on appelle les méga-données (le Big Data, à lui seul un univers en expansion!), elles devront s’atteler à la maîtrise de l’objet connecté. Un secteur qui n’en est encore qu’à ses premiers pas, mais dont on sait qu’il sera lui le moteur d’une nouvelle révolution…

 

L’un des métiers de la DSI qui évoluent de façon hypersensible est celui de chef de projet. Même sa dénomination a changé : on parle aujourd’hui de product manager. À sa mission initiale s’est ajoutée celle de rapprocher les métiers, de rétrécir la boucle d’interaction, ce qui exige qu’il puisse arrimer les uns et les autres, c’est-à-dire la vision commerciale des dirigeants et la capacité informatique des développeurs. La mise à profit des données récoltées au sein du Big Data est un autre défi qui a considérablement fait évoluer les métiers de la DSI, au point que de nouveaux métiers sont nés, comme le data scientist et le data architect. Le premier relève à la fois de l’analyste (mathématiques, statistiques) et du développement (algorithmes). Le second est un architecte maîtrisant tous les types de bases de données (NoSQL) et les mécanismes pour les alimenter.

 

Par ailleurs, sachant que le téléphone intelligent et la tablette remplacent graduellement l’ordinateur personnel, le designer multimédia devient un user experience designer. Indispensable à tout projet d’envergure, il optimise les interfaces pour garantir l’essentielle convivialité d’utilisation des fonctions et applications.

 

Au cœur même de cette évolution des métiers de la DSI, il y a aussi la composante sécurité. Pour des raisons évidentes de protection des données personnelles, mais aussi de concurrence et d’espionnage industriel. Bien qu’elle ne soit pas nouvelle, la cybersécurité est devenue une discipline hautement stratégique qui nécessite elle aussi que ses professionnels soient continuellement à jour, et puissent même anticiper les failles potentielles des systèmes. L’ouverture de leurs systèmes à leurs clients et partenaires augmente considérablement les risques, et donc les menaces.

 

Ce survol illustre bien toute l’importance de la formation continue dans ces métiers du présent et de l’avenir. L’évolution du numérique étant permanente, son accélération l’étant tout autant, les experts en entreprise n’ont d’autre choix que d’actualiser en continu leurs savoirs et plus encore leurs compétences. Pour relever les nouveaux défis, pour sécuriser leur place au sein de leur organisation, pour être les spécialistes « agiles » qu’on leur demande d’être. Même les personnes fraîchement diplômées ont ce devoir d’actualisation permanente tellement les systèmes d’information évoluent rapidement.

 

Que CentraleSupélec Executive Education ait développé des offres adaptées à ces besoins criants d’acquisition de compétences n’a rien de surprenant. Nouvelles formations, innovations pédagogiques, flexibilité sont autant de composantes de ses programmes où le sur-mesure occupe une place grandissante. Comme les entreprises, la grande école d’ingénieurs doit presser le pas : après avoir aidé les professionnels à décupler leur capacité de réaction et à passer en mode innovation, son défi sera d’être prête à les former pour exceller dans le nouveau monde qui déjà se dessine. Celui de l’objet connecté…

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