Pour Dominique Raman-Tomasso, le développement des hommes et des femmes qui composent sa direction est essentiel. Cette professionnelle de la finance a pu réaliser au cours des dernières années un benchmark de la fonction comptable du groupe en vue d’améliorer ses services. Récit d’une expérience réussie.

Entretien avec Dominique directrice comptable du groupe Adeo, devenue directrice de programme de transformation SI Finance, depuis le 1er mars dernier.

 

Décideurs. Pouvez-vous nous résumer votre rôle, votre fonction et votre périmètre d'action chez Adeo ?

Dominique Raman-Tomasso. Adeo est un groupe employant 85 000 collaborateurs. Il est présent essentiellement en Europe et en Russie. Le groupe s’avère très décentralisé, avec une prise de décision s’effectuant, pour l’essentiel, au sein même de nos entreprises. Dans ce contexte, la direction comptable assure un rôle de garant du régalien de toute obligation d’un groupe et un rôle de production sur les activités holding et services. Au-delà de ce rôle, nous travaillons à la coordination et à la diffusion des bonnes pratiques, et à accélérer les leviers de performance. Nous favorisons les synergies entre les entreprises, et nous réalisons une démarche de benchmark afin de coordonner et de favoriser la performance de la fonction finance. Enfin, notre dernière mission s’inscrit dans le cadre du développement du groupe. Nous avons la responsabilité du suivi post-acquisition sur le plan comptable, c’est-à-dire de la bonne intégration des structures acquises dans les référentiels et pratiques du groupe.

 

Décideurs. Vous avez activement contribué à l’animation de la communauté finance de votre groupe. Quels en ont été les principaux défis ?

 

D. R.-T. Nous avons mis en place des outils de communication à destination de la direction financière groupe : un intranet, un blog, des bases documentaires et des réseaux collaboratifs. Nous avons également travaillé sur l’intégration des nouveaux arrivants. Tout cela a permis d’accompagner la conduite du changement au sein de la direction financière, avec des points positifs : l’information se diffuse rapidement et même en temps réel. Nous avons également mis en place des check-lists d’autoévaluation permettant à chacun de déterminer s’il est conforme aux référentiels finance du groupe.

 

Décideurs. Pouvez-vous revenir sur le benchmark de la fonction comptable et la diffusion d’un intranet collaboratif ?

D. R.-T. Cette démarche a été menée pour la première fois en 2009. Nous avons constitué un groupe d’interlocuteurs issus de business units pour construire les premiers questionnaires dans le but d’identifier quels pouvaient être les points de mesure quantitative ou qualitative cycle par cycle. L’objectif était de construire un outil de mesure. Ce premier travail a duré six mois. Puis nous avons réalisé l’enquête. Six mois se sont à nouveau écoulés entre la phase de remplissage des questionnaires, d’échange autour des réponses, puis l’analyse et la communication des résultats. Nous avons également réalisé un benchmark de marché. Tout cela nous a permis d’esquisser quatre grands chantiers prioritaires que l’on a menés en termes d’actions dans les quatre années qui ont suivi. Pour finir, nous avons fait un nouveau benchmark en 2013, en simplifiant l’approche et en communiquant massivement grâce à notre blog interne que l’on appelle « Quid ». Cela a permis de voir sur quels points chaque entreprise avait progressé et sur quels sujets la performance se trouvait insuffisante. Nous avons fait bouger les lignes grâce à ce projet.

 

Décideurs. Vous disiez que les métiers de la comptabilité souffrent d’un déficit d’image élevé. Comment y faire face ?

D. R.-T. Pour moi, la première chose, ce sont les jeunes. Ce travail doit passer par l’éducation et les actions universitaires. J’ai participé à la création de l’APDC Nord. Les collaborateurs de la fonction comptable ne doivent pas se replier sur eux-mêmes. Cela passe nécessairement par des démarches avec les universités : il est important de créer des temps d’échanges avec les professionnels. Les étudiants peuvent se projeter dans des carrières intéressantes au gré des discours des intervenants. Dans l’entreprise, il faut être force de proposition et persévérant pour construire des métiers dans la fonction comptable offrant des trajectoires. Nous démontrons que la mobilité est possible vers des postes intéressants. J’ai l’exemple d’une personne, jeune diplômée, qui après huit ans d’expérience chez nous a pu évoluer vers des fonctions de trésorerie. Le mode projet donne aussi de la visibilité aux collaborateurs et leur permet d’exprimer des compétences et des talents au-delà de leur activité quotidienne. Nous construisons des missions qui permettent à des collaborateurs du domaine comptable d’y puiser des sources de développement personnel en vue de rebondir vers d’autres métiers ensuite.

 

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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