Tonjé Bakang est le fondateur d’Afrostream, une start-up lancée en 2015 et dont l’ambition est de devenir le numéro un des contenus audiovisuels afro.

Décideurs. Comment est née l’idée d’Afrostream ?

 

Tonjé Bakang. Afrostream est né de l’observation des modes de consommation de la vidéo. Aujourd’hui les moins de 35 ans consomment principalement la vidéo sur leurs smartphones, ordinateurs ou tablettes. Ils sont de moins en moins nombreux à attendre une heure précise pour regarder un contenu et sont devenus « directeurs des programmes » de leur propre consommation. Pour les spectateurs qui cherchent du contenu de qualité venant d’Afrique ou mettant en scène des afro-descendants, l’offre était plutôt faible, et l’offre légale quasiment inexistante jusqu’à l’arrivée de notre service. Afrostream répond à la fois à des habitudes de consommation et à une demande d’avoir des contenus affinitaires.

 

Décideurs. Pourquoi développer une offre spécifique centrée sur les contenus afro ?

 

T. B. Je suis un entrepreneur, je suis quelqu’un qui analyse des besoins dans une logique de construction de valeur et ma philosophie c’est de regarder le positif : un marché et des millions de gens qui ont envie de découvrir ces contenus et de les apprécier. Mon envie c’est de répondre à ce besoin.

Il n’y a pas de combat ni de revendication spécifique dans ma démarche. L’entreprenariat c’est vivre le futur au présent. Vous avez une idée, vous imaginez déjà ce que vous allez créer, mais vous devez convaincre les gens de vous faire confiance et la plupart du temps pour êtes pris pour un fou ou un rêveur. Le combat se situe là. Les gens ne s’aperçoivent pas à quel point entreprendre est difficile.

 

Décideurs. Vous vivez entre Paris, Nantes et les États-Unis, à vos yeux Afrostream est-elle une entreprise africaine ou internationale ?

 

T. B. Afrostream est une entreprise internationale. C’est la nature même de ses fondateurs et c’est notre ADN. Nous avons une équipe internationale (française et américaine) et nous ouvrirons bientôt un bureau en Afrique francophone.

 

Décideurs. Y a-t-il selon vous des différences entre un entrepreneur africain et un entrepreneur français ou américain ?

 

T. B. Il n’y a pas de grandes différences entre les entrepreneurs, ce sont les écosystèmes qui diffèrent. Aux États-Unis nous avons trouvé des gens plus ouverts, plus enclins à faire confiance et à tenter, là où en France nous avons eu énormément de difficultés dans un premier temps à obtenir la confiance des investisseurs. Les investisseurs français nous ont suivis une fois que nous sommes allés aux Etats-Unis.  

 

Décideurs. Avez-vous des investisseurs africains ?

 

T. B. Alors qu’il y a énormément de fonds en Afrique, il n’y a aujourd’hui aucun investisseur africain dans notre capital. Malgré la notoriété de l’entreprise, nous n’avons pas été sollicités par les investisseurs du continent, c’est d’ailleurs assez surprenant. J’imagine donc que pour un startuper d’Abidjan ou de Dakar trouver un financement est très compliqué.

 

Décideurs. Pensez-vous que les investisseurs africains ont compris les opportunités économiques autour du numérique ?

 

T. B. Je pense que c’est une question de génération. Ceux qui aujourd’hui en Afrique ont les moyens financiers ne sont pas forcément ceux qui utilisent ces technologies. Ils ont du mal à apprécier l’impact de ces services numériques et à quel point ils peuvent devenir de grands marchés. Les acteurs internationaux eux voient cet intérêt. Malheureusement quand ces investisseurs africains commenceront à s’intéresser aux start-up locales, pour elles, ils risquent d’être devenus des seconds choix en matière de financement.

 

O.N. 

 

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