Susan George : Le point et la plume
Susan George est une altermondialiste de la première heure. Outre sa lutte contre la faim dans le monde dans les années 1970, sa « première victoire » sur le monde de la finance, c’est en 1998 qu’elle la remporte. Partie en croisade contre l’accord multilatéral sur l’investissement aux côtés d’autres militants, l’ex-présidente de l’Observatoire de la mondialisation obtient finalement son abandon par Lionel Jospin. Riche de son expérience, la militante est très vite réquisitionnée pour participer à l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne, plus connue sous le nom d’Attac.
« Trouver des connexions »
Au fur et à mesure des années, le mouvement prend de l’ampleur, regroupe les initiatives, défend l’environnement, plaide en faveur de la taxation financière, s’oppose à la toute-puissance du monde des affaires. « Ce qui caractérise Attac, c’est sa capacité à trouver des connexions entre les sujets », estime l’écrivain, auteur de dix-sept ouvrages, qui s’emploie encore aujourd’hui à lier commerce et climat. Son combat le plus récent ? La lutte contre le projet de marché transatlantique (Tafta). « Pour la première fois, nous avons regroupé des militants de l’Europe entière », raconte-t-elle. Preuve de l’engouement : le mouvement organise un référendum populaire en 2015 et obtient 3,4 millions de signatures dans vingt-trois pays de l’Union. Lucide, Susan George garde les pieds sur terre : si l’accord est pour l’heure repoussé, « la France et la Commission sont prêtes à céder ». Aujourd’hui, du haut de 82 ans, la militante n’intervient que si Attac le lui demande. Dernièrement, c’est néanmoins en Argentine à l’occasion d’un séminaire préparatoire de la Cop22 que ses lumières sont sollicitées. « Nous sommes des pompiers, confie la présidente d’honneur. Nous essayons de sauver ce qui peut l’être. » Ni optimiste ni pessimiste, mais bien consciente qu’« aucun succès n’est définitif » et que « les changements se font lentement », Susan George garde chevillée au corps, la conviction que « pour changer le système, il faut tenter des choses ». Une leçon de militantisme.
Capucine Coquand