Stéphanie Hospital lance Oneragtime, une plate-forme de financement destinée à simplifier la vie des investisseurs qualifiés dans la recherche et la gestion de leurs participations au capital des plus belles start-up. Jean-Marie Messier s'est joint au projet afin d'assurer les relations avec les grands fonds et industriels. Rencontre.

Dealmakers. Vous aviez une belle position chez Orange. Pourquoi avoir décidé de fonder OneRagtime avec Jean-Marie Messier, une plate-forme de mise en relation des investisseurs avec les jeunes entreprises ?

Stéphanie Hospital. Plusieurs raisons m'ont fait prendre ce virage. L'aventure Dailymotion en fait partie. Chez Orange, j'ai d'abord repéré cette pépite technologique avant de m'occuper des synergies qu'elle pouvait créer avec le groupe jusqu'à son rachat par Vivendi. Cela m'a donné envie de faire davantage pour aider les entreprises à se développer. C'est aussi à mettre en lien avec la sensibilité précoce que les opérateurs télécoms ont pu avoir vis-à-vis de l'arrivée de technologies très innovantes : le passage à la fibre, l'avènement de l'Iphone... et l’aventure de l’entrepreneuriat. C'est un tout qui m'a porté vers l'innovation et les nouvelles activités de croissance. 

 

Quel est le modèle de OneRagtime ?

Notre modèle est hybride : c'est une plate-forme d'investissement où nous sélectionnons les plus belles opportunités de startups tout en fédérant une communauté d'investisseurs qualifiés prête à financer ces projets. En d'autres termes, c'est une plate-forme de crowdequity qui se matérialise par une application mobile intelligente. L'interface permet à nos partenaires de sélectionner et gérer leurs participations et nous permet de recueillir des données analytiques précises sur les sociétés à financer. Par ailleurs, OneRagtime se différencie de par son ambition de couvrir toute la chaîne du financement, des premiers financements versés par les business angels au rachat par un groupe industriel ou un fonds de capital-transmission/LBO. Avec de l’accompagnement. Bien sûr, l'alliance avec la banque d'affaires Messier Maris est clé pour les opérations de plus grande ampleur et les tours suivants. Dans le sens inverse, nous pouvons aider un groupe à dénicher une pépite technologique : ce fut le cas récemment avec la Fintech Fidor que BPCE a rachetée. Au-delà de l'interface de liaison assurée par OneRagtime, notre équipe opérationnelle se charge d'aider les entrepreneurs sur les plans financier, technologique, opérationnel et industriel.

 

Vous vous êtes lancés il y a quelques mois. Etes-vous satisfait du dealflow ?

Trois dossiers se sont faits l'an dernier. Pour 2017, l'objectif est de réaliser une à deux transactions par mois et avec une dimension internationale. Nous sommes plutôt portés sur des entreprises tech dont le cœur de cible demeure grand public afin de faire levier au mieux sur notre réseau, nos compétences et de leur permettre de se développer à l’international. 

 

Quelle est votre base d'investisseurs ?

Elle est très diversifiée. Il s'agit d'entrepreneurs fortunés, de patrons d'industrie, de corporates et bientôt d'institutionnels … des investisseurs à même d’investir 25 000 € par startup. 

 

Comment faîtes-vous pour convaincre des business angels de passer par votre plate-forme alors qu'ils peuvent investir en direct ?

La première raison tient à la qualité des entreprises sélectionnées, qu'elles soient en France, en Espagne, en Suède ou au Royaume-Uni... Les dossiers sur lesquels nous travaillons sont exclusifs. Par ailleurs, notre taille permet aux business angels de négocier de meilleurs termes d'investissement et de bénéficier de l’accompagnement que nous apportons aux start-up via le studio. C'est aussi faire partie d'une communauté internationale tres qualifiée d'investisseurs, entrepreneurs, influenceurs... qui partagent les mêmes valeurs et envies de soutenir des entrepreneurs talentueux... et de les aider à aller plus loin, plus vite. Et les start-up n'ont pas à subir la pression qu'un fonds peut générer en prévision d'une sortie programmée à l'avance et peuvent s'appuyer sur notre équipe, notre réseau, nos expériences, ressources et apports opérationnels tout en ayant une interface unique pour l'accès au capital. 

 

Quelle est votre vision de la levée de fonds ? Et la recette pour bâtir un champion international ?

Notre vision du financement des jeunes entreprises est raisonnable : elles ne doivent pas lever trop d'argent au début de leur existence. Elles doivent d'abord ériger les fondations de leur business et prouver leur traction initiale. Une fois cette étape validée, il ne faut pas hésiter à financer fortement tout en optimisant la stratégie de distribution (via des partenariats, effet réseau …) plutôt que de se concentrer exclusivement sur des coûts d'acquisition marketing. 

 

Entretien réalisé par @Firmin Sylla.

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