Jean-Paul Steinitz (Global Technologies ) : « L’Afrique a directement accès aux dernières technologies »
DÉCIDEURS. Quelle est la présence de GLOBAL Technologies en Afrique?
Jean-Paul Steinitz. GLOBAL Technologies est une société d’ingénierie spécialisée dans le dé- ploiement des infrastructures de télécommunications dans les pays à fortes contraintes et particulièrement en Afrique. Notre clientèle est diverse: nous travaillons pour l’Otan, les Nations unies, de grands opérateurs télécoms et de grandes sociétés telles qu’Airbus et Thales. Notre expertise repose sur notre capacité à entreprendre avec succès des projets en zone austère c’est-à-dire des zones de conflits, ou des zones où les températures sont extrêmes. GLOBAL Technologies est réputée pour sa capacité d’adaptation et sa flexibilité.
Nous sommes présents dans dix-neuf pays africains, même si nos régions de prédilection restent l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Nous avons récemment organisé une conférence en Mauritanie à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle couverture satellite que nous avons fournie, en coopération avec Eutelsat, à Mattel, premier opérateur mobile du pays. L’installation d’équipements de dernière génération a permis un meilleur accès au réseau, une bande passante plus puissante, notamment sur les sites éloignés et les zones désertiques, et finalement, un gain financier. En Egypte, nous nous sommes occupés de la mise en place de systèmes de surveillance maritime de la portion, récemment élargie et très stratégique, du canal de Suez. Nous accompagnons aussi des opérateurs dans des projets au Niger, au Togo et en Centrafrique.
Il existe de fortes disparités entre pays dans l’accès aux télécommunications. Quelle approche faut-il adopter ?
Il existe sommairement deux grandes technologies en matière de télécommunications: la technologie fibre, bien adaptée au réseau urbain, et la technologie satellite, idéale pour les zones excentrées, montagneuses ou désertiques. Pour chaque projet, nos équipes d’ingénieurs effectuent un arbitrage entre ces différentes technologies pour que les utilisateurs bénéficient des meilleurs prix. L’objectif est d’aider nos clients à trouver le meilleur compromis entre les différentes technologies, compte tenu des besoins, du cahier des charges de l’opérateur ou du régulateur et surtout de la configuration géographique du pays. C’est pourquoi il ne faut pas adopter la même approche dans tous les pays. Les fortes disparités entre les pays africains dans l’accès aux télécommunications doivent donc être égalisées avec des solutions technologiques adaptées. Tel a été le cas en Mauritanie avec la mise en place d’équipements adaptés pour une station de transmission de base entourée de 2000 kilomètres de sable.
Pourquoi consolider les infrastructures de té- lécommunications est-il un enjeu prioritaire?
Les télécommunications ont un impact sur tous les secteurs de la vie quotidienne: l’information, l’éducation, la santé, la banque, etc. Les pays doivent en permanence développer leurs infrastructures. L’avantage dont dispose le continent est qu’il n’a pas à suivre le trajet de l’évolution technologique, comme cela a été le cas pour les pays européens. L’Afrique a directement accès aux dernières technologies « up to date ». La formation est donc une nécessité pour le bon fonctionnement des installations télécoms. C’est pourquoi nous tenons particulièrement à transmettre notre savoir-faire et nos compétences à nos partenaires africains. Pour le projet de couverture satellite en Mauritanie, les équipes techniques de Mattel ont reçu une formation complète de vingt jours en France et Belgique et sont dorénavant autonomes sur les incidents qui peuvent survenir sur le réseau.
Comment imaginez-vous le futur du continent ?
Je suis persuadé que l’Afrique sera un formidable terrain de croissance pour les pays africains euxmêmes mais aussi pour les industries occidentales, en quête d’un nouveau souffle. Les pays africains connaissent une croissance fulgurante de leurs économies, contrairement aux pays européens. Bien évidemment, le point de départ n’est pas le même. Mais en Afrique, les projets se multiplient à grande vitesse, les besoins en investissement et en financement croissent, et ceci dans tous les secteurs. Par exemple, on estime les besoins annuels d’investissement en infrastructures à 100 milliards d’euros. Le triple impact combiné de la formation, de la technologie et des investissements nous laisse très optimistes quant à l’avenir du continent.