Le cabinet Naudet, leader de l’expertise industrielle et commerciale en France a développé ses activités sur le continent africain, où il accompagne ses clients, depuis plus de vingt ans. Tour d’horizon avec son directeur général, Dominique Brossais, et Louis d’Oiron, associé du cabinet en charge de l’Afrique.

DÉCIDEURS. Comment ont débuté vos activités africaines ?

Dominique Brossais. Nous intervenons depuis plus de vingt ans en Afrique. Ce sont nos clients, notamment des grands groupes occidentaux, qui nous ont amenés sur le continent. En Afrique de l’ouest en particulier, la francophonie est un réel atout pour les sociétés françaises qui, si elles la sous-estiment souvent, bénéficient d’une réelle facilité culturelle. Nous intervenons principalement dans les secteurs de l’énergie: les centrales, le maté- riel électrique de haute tension, ainsi que sur des sinistres de grande ampleur, comme lors des récentes inondations au Ghana, dans toute l’Afrique subsaharienne. Ce sont des dossiers d’envergure, qui impliquent souvent des réassureurs français ou anglo-saxons.

Dans le cabinet, cinq experts sont aujourd’hui dé- diés à l’Afrique. Nous traitons les dossiers depuis la France, et voyageons régulièrement sur le continent. Grâce au réseau VRS Adjusters, dont Naudet est l’unique représentant sur le continent, nous y avons de multiples correspondants, différents suivant le degré de technicité du dossier.

Nous réfléchissons à la création d’un hub, soit depuis le Maroc, soit depuis Dubaï et nous avons maintenant une présence au Sénégal. C’est aussi là où nous organisons des formations tous les trimestres sur des thèmes d’assurance. Les experts africains n’ont pas encore nécessairement la pratique nécessaire et ces formations sont très pédagogiques.

Louis d’Oiron. Mes fonctions d’associé en charge de l’Afrique m’entraînent le plus souvent en Afrique de l’ouest, dans les pays francophones, mais aussi au Nigeria. Je suis également intervenu au Maghreb, en Algérie, ainsi qu’en Afrique centrale, au Gabon et au Congo-Brazzaville.

Dans les pays francophones, en plus d’une grande proximité culturelle, le droit est calqué sur le droit français. Cela aide beaucoup. À l’inverse dans les métiers de l’offshore, il existe des assurances très particulières qui relèvent du droit anglo-saxon. Le secteur pétrolier offshore, et par extension tous les métiers de l’énergie, sont plus proches du droit anglo-saxon. J’ai également une expertise en droit anglo-saxon. Nous nous devons d’être des experts biculturels sur le continent, en particulier lorsque nous sommes amenés à piloter les dossiers avec les réassureurs.

Quelles sont pour vous les spécificités de votre métier en Afrique ?

D. B. Ce sont des expertises à risque. Les sinistres sont très souvent sur des lieux difficiles d’accès. Deux à trois jours de voyage sont parfois nécessaires pour atteindre les lieux du sinistre, comme cela a par exemple été le cas en Algérie. En plus d’être isolés, ces lieux sont parfois occupés par des groupes terroristes. La sécurité est le deuxième aspect important dans cette zone. Lors de l’organisation d’un voyage, il faut veiller à respecter des procédures strictes de sécurité. Mais la difficulté sécuritaire ne doit pas rendre impossible notre métier en Afrique. Cela fait partie du service que nous rendons. Nous travaillons beaucoup l’aspect sécuritaire. Cela est bien sûr également largement pris en compte chez nos clients. Pour aborder sereinement ces marchés, il faut un niveau de sécurité qui soit satisfaisant.

Quel est l’état des lieux du secteur des assurances sur le continent ?

L.D’O. En Afrique, les assureurs locaux détiennent souvent encore le monopole et sont des acteurs incontournables. Depuis cette année, les standards africains ont révisé à la hausse la capitalisation minimum des assureurs, souhaitant imposer une ré- tention minimale de 50  %. Nous nous trouvons donc actuellement dans une période d’incertitude où nous ne savons pas si la part des réassureurs va diminuer, du fait de cette rétention minimale, ou si, au contraire, les contrats locaux vont se vider de leur substance au profit des polices « masters » souscrites au niveau mondial. Il est donc nécessaire de dialoguer autant avec les assureurs africains qu’avec les assureurs et réassureurs majeurs des marchés occidentaux. D’où la nécessité, encore une fois, de s’allier avec des collaborateurs multiculturels.

D. B. C’est un secteur qui se développe beaucoup et qui demande beaucoup d’accompagnements, notamment au niveau de la formation. L’Afrique est incontournable dans notre straté- gie. Malgré les difficultés sécuritaires et l’impré- visibilité politique, ce sont des marchés en plein essor.

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