Tendance Design: objet du désir...
Vous avez créé l’espace d’inspiration du salon Maison & Objet 2018 : Show Room. Parmi les concepts que vous y développez, il y a l’idée que la mise en scène de l’objet est aussi importante que l’objet lui-même…
Oui, à travers l'agencement des objets et des meubles qui composent leurs intérieurs, les individus racontent une histoire, montrent leurs souvenirs et leurs émotions. Et les partagent sur les réseaux sociaux. Comme si la décoration de leurs appartements ou de leurs maisons était devenue un showroom. Les grands magasins et les concept stores reprennent cette idée, et se transforment en lieux intimistes, « comme à la maison ». Un mélange des genres qui conduit certaines marques à vendre leurs produits dans des appartements.
Internet a-t-il une part dans cette « personnalisation » du design ?
Il y a des initiatives passionnantes sur le net en la matière. Sur The Full Room, vous trouvez une représentation en 3D de lieux aménagés par des particuliers, et vous pouvez acheter les meubles qui les composent. The Socialite Family, à l’origine un site de reportages autour de familles et d’artistes passionnés de design, est devenu un distributeur et un éditeur d’accessoires et de meubles. Dans le futur, j’adorerais qu’Etsy (site de ventes d’objets créatifs et vintage faits main, NDLR) soit présent à Maison & Objet, par exemple. En parallèle, de plus en plus de gens, dans toutes les couches de la population, s’inspirent de Pinterest au moment de composer leur déco. Il n’y a plus UNE tendance esthétique, il y en a de multiples, et les individus sont de plus en plus libres dans leurs choix.
Quels designers vous semblent avoir compris les attentes de ces consommateurs d’un nouveau genre ?
Matali Crasset, parce qu’elle a intégré l’idée de mise en scène du lieu de vie directement dans ses créations. Et Lee Broom, un designer classique dans ses formes, mais qui raconte vraiment une histoire lorsqu’il présente ses nouveautés.
Quels sont les designs qui vous inspirent, pour l’avenir ?
Ce qui m’intéresse ce sont les nouvelles petites maisons d’éditions : Petite Friture ou La Chance, qui créent un nouveau luxe, un peu pop. Dans le même ordre d’idée, il existe actuellement des collections d’assiettes « éditorialisées », et décoratives. Chez Fragile par exemple. Ou Yato, qui propose des pièces de vaisselles récupérées, taguées, recomposées, aux frontière de l’installation, de la récup’ et du design.
Maison & Objet Janvier 2018 met en lumière la créatrice danoise Cecilie Manz. Elle semble s’inscrire dans un courant plus minimaliste ?
Elle a choisi un vocabulaire radical, une approche qui semble très spirituelle, elle est en quête d’essentiel. Sa forme est l’inverse du pop, du kitsch et de la couleur. Pourtant, ses créations, aussi discrètes soient-elles, sont faites pour être exhibés. Ses enceintes pour Bang & Olufsen sont à la fois pragmatiques, utiles, sobres… et « visibles », tout comme ses luminaires.