Privalto est la gamme de produits structurés de BNP Paribas Corporate & Institutional Banking dédiée aux conseillers en gestion de patrimoine. Jérémy Suissa, responsable de l’équipe, revient sur le fonctionnement de cette classe d’actifs.

Décideurs. Qu’est-ce qu'un produit structuré ? 

Jérémy Suissa. Un produit structuré est une solution d’investissement qui permet à l’investisseur de bénéficier d’un rendement lié à la performance d’un sous-jacent (action, indice, taux, devises, OPCVM...) tout en assurant une protection partielle ou totale du capital à l’échéance. Les produits structurés sont devenus une classe d’actifs à part entière, ils constituent une alternative aux placements financiers traditionnels. L’investisseur prend position sur une formule contractuelle lui donnant une visibilité totale sur les principaux critères de son placement : la durée d’investissement, le sous-jacent, l’objectif de rendement et la formule de remboursement, le seuil de protection du capital à l’échéance sont définis dès le lancement du produit. C’est la seule classe d’actifs qui a une obligation de résultat. 

Comment se construit un produit structuré ?

Il possède principalement deux composantes. La première est une obligation permettant de retrouver tout ou partie du capital à l’échéance du placement. La part à investir dans cette composante dépend des taux d’intérêt. Plus les taux d’intérêt sont bas, plus elle sera élevée. L’autre composante qui sera le moteur de performance du produit se construit avec des achats et ventes d’options (dérivés) sur tout type de sous-jacents. Le produit structuré permet ainsi de s’exposer à des actifs difficilement investissables en direct. 

Via quel type de placement peut-on investir dans un produit structuré et quelles sont les principales tendances sur cette classe d’actifs ? 

Les produits structurés peuvent être intégrés dans la poche unités de compte des contrats d’assurance-vie. Il est aussi possible d’y souscrire en compte-titres. Nous pouvons distinguer trois tendances fortes : tout d’abord, la recherche de rendement dans un environnement de marchés stables ou baissiers. Pour répondre à cette demande, nous proposons la gamme de produits « Privilège Rendement » distribuant des coupons en cas de baisse partielle des marchés actions. La deuxième tendance est une demande de raccourcir la durée de vie des produits pour favoriser un retour sur investissement rapide. Nous y répondons par des produits qui offrent la possibilité d’être remboursé par anticipation chaque trimestre, chaque mois voire chaque jour. Enfin, nous constatons une montée en puissance des demandes de produits pour des trésoreries d’entreprise. Ce segment représente aujourd’hui 30 % de notre activité, c’est un axe de partenariat clé chez Privalto. 

« Les produits structurés assurent une protection partielle ou totale du capital à l’échéance »

Quels sont les critères à prendre en compte pour choisir un produit structuré ?

Les trois critères principaux sont : l’aversion au risque, l’objectif de rendement et l’horizon d’investissement. Avant de définir ces trois critères, une approche de bon sens consiste à prendre conseil auprès de son gestionnaire de patrimoine ou de son banquier pour s’assurer que cet investissement s’inscrit bien dans le cadre d’une allocation diversifiée et qu’il est compatible avec la stratégie patrimoniale globale de l’investisseur. 

Le risque de perte en capital varie-t-il d'un produit à l'autre ? 

Les mécanismes de protection varient en fonction des paramètres de marchés et des attentes de l’investisseur final. Nous pouvons distinguer deux familles de produits structurés en fonction du risque de perte en capital : les produits dits « garantis à échéance » et les produits « capital protégé ». Cette dernière catégorie est la plus répandue sur le marché français. À titre d’exemple, nous avons lancé des produits qui assuraient une protection du capital à échéance jusqu’à une baisse de 50 % d’un indice comme l’Euro Stoxx 50. Un des objectifs des produits structurés est de minimiser le risque de perte en capital. Une baisse de 50 % de l’Euro Stoxx 50 impliquerait un retour en arrière à son niveau d’il y a 23 ans...

Quels sont les objectifs de rendement des produits structurés ? Le rendement obtenu est-il lui aussi plafonné ?

La majorité des produits structurés commercialisés sur le marché français dans des contrats d’assurance-vie ne visent pas des rendements annuels à deux chiffres. L’objectif est plutôt de servir aux investisseurs des rendements de l’ordre de 5 % à 7 % par an en moyenne. Dans un contexte de taux bas pénalisant les rendements des placements obligataires, les couples rendement / risques des produits structurés sont particulièrement compétitifs. 

« Priips et Mifid II améliorent la transparence et la qualité des informations précontractuelles fournies aux investisseurs finaux »

Quelle a été votre dernière innovation ?

Nous lançons cette année l’indice Euronext France Germany Leaders 50 EW Decrement 5%. Il offre une exposition sélective aux marchés actions français et allemands qui ont les deux économies les plus robustes de la zone euro. La France et l’Allemagne totalisent en effet 50 % du PIB de la zone euro, c’est une thématique particulièrement intéressante pour les investisseurs en produits structurés à un moment où des tensions politiques ressurgissent en Italie ou dans d’autres pays périphériques. La collecte en produits structurés exposés à cet indice créé à la fin de l’année 2017 dépasse déjà 700 millions d’euros, preuve du succès commercial qu’il remporte auprès de nos clients.

Vos clients sont d'abord les conseillers en gestion de patrimoine indépendants. Comment organisez-vous la remontée d'information du terrain vers vos équipes ? Comment comptez-vous utiliser le digital pour vos échanges avec vos partenaires ?

La commercialisation de produits structurés nécessite un accompagnement renforcé. C’est la raison pour laquelle notre équipe commerciale est présente quotidiennement auprès de ses partenaires CGP. Nous organisons aussi des formations pédagogiques, participons aux réunions régulières des compagnies d’assurance-vie qui référencent nos produits, et enfin nous sommes présents dans l’après-vente en fournissant un service complet de reportings produits. La digitalisation va permettre une nouvelle forme de proximité avec nos partenaires. C’est un enjeu central pour mieux les accompagner, améliorer l’expérience clients et anticiper leurs besoins. Nous mettons déjà à disposition de nos partenaires la plateforme Smart Derivatives qui permet un paramétrage du prix des produits en fonction des conditions de marché du moment.

Votre activité a-t-elle été impactée par les réglementations Mifid II et Priips ? 

BNP Paribas, comme l’ensemble de l’industrie, s’est préparée aux entrées en vigueur des règlementations Priips et Mifid II en janvier 2018. Ces réglementations apportent de la transparence au marché des produits structurés. Par exemple, grâce à l’échelle de risque présente dans le document clé d’information, l’investisseur pourra comparer le risque d’un produit structuré à celui d’un OPCVM. Ces réglementations permettent d’améliorer la transparence et la qualité des informations précontractuelles fournies aux investisseurs finaux.

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