Sous la pression de la réglementation et de nouvelles attentes des investisseurs, le modèle des sociétés de gestion est mis à mal. Des acteurs qui entendent cependant montrer leur capacité de résilience en adaptant leur modèle économique et leur gamme de

Le marché de la gestion d’actifs est probablement en train d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. Confrontées à des contraintes réglementaires particulièrement lourdes, à la baisse de leurs rémunérations et à des marchés financiers très agités, les sociétés de gestion n’ont aujourd’hui plus d’autre choix que de repenser leur modèle. Un travail qui doit notamment les amener à faire évoluer leur stratégie de croissance et leur offre.

Une réglementation de plus en plus pesante

L’industrie de la gestion d’actifs évolue depuis plus d’une décennie dans un cadre réglementaire en perpétuelle évolution (PRIIPs, Mifid II…) Ces nombreux changements ont imposé des procédures coûteuses de mise en conformité, qui pèse bien évidemment sur la marge opérationnelle des sociétés de gestion, déjà confrontées à un environnement concurrentiel. Celles-ci doivent également faire face au développement de la gestion passive (fonds indiciels, ETF) entraînant une forte pression sur les frais de gestion. Une menace à prendre d’autant plus au sérieux que les performances de la gestion active se sont révélées très décevantes ces dernières années.

Un mouvement de concentration inéluctable

Pour pouvoir amortir leurs coûts de fonctionnement et la baisse des frais de gestion, les sociétés de gestion ont entamé une course à la taille critique, propice à un mouvement de concentration. Amundi a ainsi mis la main sur l’Italien Pioneer Investments. Natixis Investment Managers s’est organisé selon un modèle multi-affiliés et a racheté des sociétés de gestion de premier plan comme H2O AM, DNCA ou encore Dorval AM. Autre exemple, celui d’Arkéa Investment Services qui a créé un archipel regroupant de multiples spécialistes tels que Mandarine Gestion, Vivienne Investissement ou Schelcher Prince Gestion.

Mais la croissance externe n’est pas seulement l’apanage des plus importantes sociétés de gestion. Sanso IS est ainsi le fruit du rapprochement de trois entités, Amaïka AM, Cedrus AM et 360Hixance AM. Elle a également intégré les équipes de Convictions AM avec l’ambition de franchir rapidement la barre du milliard d’euros d’encours. Ces rapprochements devraient sans surprise se multiplier au cours des prochaines années. Un certain nombre de petites boutiques cherchent actuellement à se vendre, à la fois pour des raisons réglementaires mais également pour assurer le passage de témoin d’une génération de gérants-entrepreneurs dont la carrière se termine.

Une offre en évolution

La gestion d’actifs, comme tout autre secteur d’activité, doit s’assurer de l’adéquation de son offre avec les besoins des clients. Or, force est de constater qu’un écart est en train de se creuser. Les sociétés de gestion ont donc fait évoluer leur gamme de fonds et n’ont, pour certaines, pas hésité à supprimer ceux qui ne répondaient plus aux attentes des investisseurs. Sous l’impulsion d’Alexandre Hezez, Richelieu Gestion va faire pivoter sa gamme pour disposer de fonds plus généralistes, avec la capacité d’allouer leurs investissements sur des thématiques ou des styles de gestion différents. DNCA a, de son côté, développé une gamme « performance absolue » tandis que Sycomore AM a lancé de nouveaux fonds flexibles, long/ short et thématiques.

Des changements qui concernent également les fonds patrimoniaux ayant connu leur âge d’or au début des années 2010 et dont les performances se sont récemment essoufflées, en même temps que le moteur obligataire. Les gérants du fonds Fidelity Patrimoine ont ainsi pris le soin d’intégrer davantage de stratégies de diversification dans leur gestion. Un positionnement qui s’est traduit par une plus grande exposition aux actifs réels et aux stratégies de type absolute return.

L’ISR, un enjeu de taille

Pour répondre à la demande des investisseurs institutionnels, les gestionnaires d’actifs ont été amenés à intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur gestion financière. La Banque Postale AM, Amundi ou encore BNP Paribas AM font figure de locomotive dans ce domaine aux côtés des sociétés de gestion spécialisées. L’investissement Responsable dépasse désormais les 1 000 milliards d’euros en France. Une tendance qui devrait se renforcer avec la mise en place du plan d’action de la Commission européenne sur la Finance Durable et les dispositions votées dans le cadre de la loi Pacte.

Aurélien Florin

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