Alors que la pandémie de Covid-19 s’étend sur toute la planète, les criminels du Net en profitent pour commettre un nombre important de fraudes en ligne.

Dans un communiqué de presse du 26 mars 2020, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) mettent en garde le public concernant les cyber-attaques, les appels frauduleux aux dons, les équipements de protection vendus par des entreprises fictives, ainsi que les contrefaçons de produits de santé et d’équipements de protection. Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, les escroqueries ont en effet connu une hausse spectaculaire. Face à ce fléau, l’ACPR et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont annoncé le 7 mai 2020 qu’elles se mobiliseraient ensemble dans le but de mieux protéger les consommateurs.

L’argent et les données personnelles, cibles principales des escrocs

Dans leur communiqué de presse, l’AMF et l’ACPR mettent l'accent sur les nombreux appels frauduleux aux dons et sur les faux produits bancaires ou d’assurance avec des caractéristiques très attractives circulant sur Internet. Ces institutions rappellent également qu'il est nécessaire de se montrer vigilant face aux campagnes de démarchage téléphonique, aux courriels frauduleux provenant soi-disant d’un tiers de confiance et aux bannières publicitaires renvoyant vers des formulaires à remplir. Les escrocs recourant à ces trois dernières techniques pour collecter des données personnelles.

L’office européen de police (Europol) alerte par ailleurs le public sur la multiplication des attaques par « phishing » et « ransomware » dans son rapport en date du 27 mars 2020. Ces deux types d’escroqueries représentent un sérieux danger pour les données personnelles des victimes et sont plus fréquentes que d’habitude du fait de l’augmentation du nombre de personnes en télétravail. Mais ce ne sont pas les seules attaques dont il faut se méfier sur Internet. Europol insiste sur le fait que les cybercriminels continueront d’innover et d’étendre leurs activités.

Les équipements de protection, objets de nombreuses escroqueries

La vente de contrefaçons de produits de santé, d’équipements de protection, de produits pharmaceutiques et de faux kits de test a fortement augmenté depuis le début de la crise sanitaire. L’opération Pangea, mise en place depuis 2008, soutenue par Europol, coordonnée par Interpol et impliquant 90 pays dans le monde, illustre bien ce phénomène. Ciblant le trafic de médicaments contrefaits, elle a abouti début mars 2020 à 121 arrestations et à la saisie de 13 millions d’euros de médicaments potentiellement dangereux, 48 000 colis et 4,4 millions d’unité de produits pharmaceutiques illicites dans le monde. Concernant les escroqueries faites sur le Web, pas moins de 2 500 liens de sites internet, réseaux sociaux, marchés en ligne et annonces ont été supprimés.

L’opération Pangea a abouti début mars 2020 à 121 arrestations et à la saisie de 13 millions d’euros de médicaments potentiellement dangereux.

Au sein de l’Union européenne, une filiale du groupe coopératif français de pharmaciens Astera, située à Rouen, a effectué un versement de 6,6 millions d’euros pour l’achat de gel hydroalcoolique et de masques FFP2 et FFP3 à une société se faisant passer pour leurs fournisseurs habituels. L’entreprise n'a cependant jamais reçu les marchandises et une enquête a été ouverte pour escroquerie, faux et usage de faux. Le journal Le Monde nous apprend dans son article du 20 avril 2020 Coronavirus : une arnaque au matériel de protection à plus de 1 million d’euros qu’une plainte en nom collectif pour « publicité mensongère, tromperie et escroquerie » aurait été reçue le 25 mars dernier par le parquet de Paris. Un homme est soupçonné d'avoir monté au moins sept sites proposant des masques et du gel, tous frauduleux selon les autorités, pour un préjudice de près d’un million d’euros.

Les intermédiaires en financement participatif dans le viseur
L’ACPR et la DGCCRF mettent en garde le public contre l’appel aux dons et les cagnottes solidaires qui peuvent être organisés par des entités ou des sites internet non autorisés à exercer cette activité en France. Les escrocs recourent également à des sites de financement participatif dûment enregistrés pour mettre en ligne de fausses cagnottes. Les deux autorités invitent donc les intermédiaires en financement participatif à être très vigilants. Ils sont appelés à « s’assurer du respect des obligations de sélection des cagnottes préalablement à leur mise en ligne et de la qualité de l’information fournie aux potentiels donateurs sur les projets et les porteurs de projets. » L’ACPR et la DGCCRF mettent également l’accent sur le fait que « les intermédiaires et les prestataires de service de paiement qui assurent la gestion des flux financiers associés aux cagnottes en ligne doivent veiller à ce que leurs procédures et dispositifs de contrôle garantissent le respect des obligations d’identification, de vigilance constante et de déclaration prévues en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, de l’entrée en relation jusqu’au versement des fonds collectés au bénéficiaire. »

Clémentine Locastro

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail