Epidémie d'innovations
Que cela plaise ou non, crises et conflits constituent un véritable accélérateur d’innovation. La Première Guerre mondiale a fait gagner de précieuses années au secteur de l’aéronautique qui, en 1914, n’en était qu’à ses balbutiements, tandis que la Seconde a accéléré les recherches dans le domaine du nucléaire.
Si l’on remonte dans le temps, certains historiens estiment même que l’épidémie de peste au XIVe siècle serait à l’origine de la Renaissance et de ses avancées, telles que l’imprimerie. Évidemment, la crise sanitaire liée à la Covid-19 ne saurait être comparée à « la mort noire » qui aurait emporté entre un quart et un tiers de l’humanité. Il n’empêche que ces derniers mois sont synonymes d’avancées. Bien sûr, la digitalisation de l’économie se serait accélérée sans le coronavirus. Mais, contraintes de laisser les salariés travailler chez eux, les entreprises ont gagné des années dans leurs plans de transformation digitale.
Cloîtrées à domicile, des millions de personnes se sont reposées sur leurs écrans pour se divertir et consommer, ce qui a permis aux Gafa de continuer à disrupter le secteur du cinéma ou encore celui du commerce en ligne, voire de la santé. Résultat : ils sortent du confinement plus forts que jamais, au point d’inquiéter le gouvernement américain.
Autre parallèle avec le passé : en cas de crise, les États reprennent la main. Ce qui est le cas partout dans le monde, où les plans de relance consacrent des milliards aux secteurs d’avenir, dont la tech fait partie. L’Allemagne profite de la conjoncture pour accélérer le déploiement de la 5G, tandis que le plan de relance français consacre 7 milliards d’euros au numérique. De quoi accompagner l’émergence d’un monde nouveau qui, par la force des choses, vient plus vite que prévu.
Lucas Jakubowicz