La traduction automatique ne cesse de progresser. Déjà dès les années 50, elle constituait un des enjeux majeurs de la guerre froide

Par un procédé de deep learning, en 2016, Google a mis en ligne une nouvelle version de son système de traduction automatique, Google Translate et en 2017, la société allemande Linguee (maintenant connue sur le nom DeepL) a conçu un système de traduction automatique très performant.

Par ailleurs, depuis 2017, Facebook propose environ 2 milliards de mots de traduction par jour. Ces traductions sont basées sur des algorithmes d’apprentissage dont l’architecture s’inspire du fonctionnement cérébral.

D’ores et déjà nous constatons que l’émergence de différents outils de traitement automatique constitue une étape essentielle dans l’évolution des outils de traduction automatique. Par exemple, tous les outils CAT pour les traducteurs souhaitant travailler sur des projets communs et volumineux. Ces outils se basent sur l’intelligence artificielle.

Un autre exemple très pertinent est la traduction automatique vocale, qui est aujourd’hui au « cutting edge » de la traduction automatique. Par exemple, nous pourrons citer les outils iTranslate, iTranslate Voice ou Android. Ce type de traduction vocale en temps réel « speech-to-speech » procède à une synthèse de la parole qui transforme la traduction écrite en discours oral. Il y a des algorithmes uniques pour assurer la ponctuation automatique et également plusieurs étapes fines sont nécessaires afin de compléter ce processus complexe. Ainsi, nous pourrons constater que ce type de traduction reflète les vraies avancées de l’intelligence artificielle et nous sommes pour l’instant seulement en version alpha.

Cependant, malgré ces avancées, peut-on réellement imaginer un service de traduction entièrement gouverné par la machine ?

Cette question repose sur plusieurs axes d’argumentation. Par exemple, la traduction juridique reste épargnée malgré la mise sur le marché du logiciel Alexa, une création torontoise, qui a une capacité de détecter la syntaxe et le contexte d’une phrase d’un contrat type. Cependant, l’intelligence artificielle ne peut pas remplacer l’esprit du traducteur et le style linguistique de l’homme. Nous pourrons ainsi dire que la traduction juridique ainsi que la traduction littéraire des œuvres resteront épargnées de ces procédés automatiques. Les traductions dites « spéciales » telles que le médical, juridique et littéraire resteront néanmoins protégées par la sensibilité humaine. Un traducteur travaille non seulement avec les mots mais avec un texte et « l’âme » de ce texte. Cette sensibilité humaine semble difficilement attribuable à un logiciel.

Mais pour combien de temps et doit-on considérer l’intelligence artificielle comme une opportunité ou comme un danger pour le traducteur ?

Ces questions restent à l’esprit. Nous avons certes besoin des logiciels CAT pour gérer nos bases de données et pour assurer un travail collaboratif homogène, mais occasionnellement et non pas quotidiennement. Alors, la guerre technologique vient à peine de commencer !

Jane Kochanski, Expert traducteur, Cour d’appel de Paris

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