Le pionnier de l’assurance collaborative en France nous fait part des leçons tirées des deux premières années qui ont suivi le lancement d’Inspeer. L’évolution de l’assurance collaborative vers un schéma « peer to peer» semble de mise. Une tendance déjà bien ancrée à l’étranger.

Décideurs. Que retirez-vous des deux premières années d’Inspeer?

Louis de Broglie. Nous avons appris beaucoup de choses, sur le collaboratif d’une part, sur le fait que les assureurs font peu de marketing d’autre part et sur la complexité de notre produit d’assurance, la mutualisation de la franchise. Nous nous sommes retrouvés confrontés à deux types de personnes : celles qui sont justes financièrement, et qui ont vraiment besoin de couvrir leur franchise, et celles qui veulent simplement tester l’innovation, et qui sont donc souvent de bons gestionnaires de leurs finances. Cette dichotomie explique que nous n’ayons pas réussi à créer l’effet de viralité attendu. La leçon que nous pouvons retenir est qu’il ne faut pas sous-estimer le degré d’implication que les gens veulent avoir dans le domaine de l’assurance.

 

Quels vont être vos axes d’amélioration ?

Nous voulons nous rapprocher des besoins des consommateurs et leur offrir des produits plus adaptés. La mutualisation de la franchise n’était qu’une étape intermédiaire. Nous souhaitons tendre vers un schéma qui est en train de s’imposer dans le monde de l’assurance à l’étranger, le peer to peer. L’idée est la suivante : lorsqu’une personne paye une prime d’assurance, une partie va à l'assureur et le reste va dans un fonds collaboratif qui sert à payer les petits sinistres. S’il y a moins de sinistres que prévu, la somme restante dans le fonds est rendue aux consommateurs

 

Où en est le marché de l’assurance collaborative aujourd’hui en France ?

Nous avons été les premiers à nous lancer dans ce nouveau domaine, mais aujourd’hui nous devons être trois ou quatre acteurs. Cela peut être frustrant car nous essuyons souvent les plâtres. Mais il faut bien avoir en tête que ce n’est pas un acteur qui fait un secteur. Il vaut mieux être plusieurs à vouloir aller dans la même direction. Cela donne plus de visibilité et renforce la confiance des consommateurs dans le mécanisme.

 

Percevez-vous le développement de l’économie collaborative comme un destructeur de l’économie traditionnelle ?

Si on prend l’exemple de la banque collaborative, comme Lending Club qui fait du prêt entre particuliers, on constate qu’elle n’a pas besoin de travailler avec une banque traditionnelle pour fonctionner. En revanche, en assurance collaborative, nous n’avons pas d’autres choix que d’avoir un assureur au-dessus pour borner le risque. L'institutionnel reste incontournable en assurance collaborative. Les assureurs sont donc, à ce titre, bien plus protégés de la disruption complète qu’un acteur bancaire.

 

Quel avenir envisagez-vous pour l’assurance collaborative ?

L’une des choses qui va aller de pair avec l’assurance collaborative, et qui est d’autant plus vraie dans le monde des start-up, c’est l’amélioration de la digitalisation et des interfaces clients en assurance. L’assurance est en queue de peloton en matière de digitalisation. Avec Inspeer, notre stratégie est donc d’offrir à l’utilisateur un produit financièrement plus efficient, repenser l’assurance d’un point de vue marketing notamment au travers des communautés assurancielles, mais aussi d’améliorer l’expérience client via la digitalisation.

 

Vous parlez de communauté assurancielle, pouvez-vous nous en dire plus ?

L’idée est de savoir ce qu’est une communauté assurancielle. Les assureurs ne se préoccupent que trop peu de cette question. Personne ne se demande ce que sont aujourd’hui les communautés du XXIe siècle. Nous avons identifié plusieurs points sur lesquels nous voulons travailler. Je ne peux pas en dire plus.

 

Propos recueillis par Marion Robert

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