Éric Pinon est de ces hommes joyeux, conviviaux. De ceux qui savent vous mettre à l’aise à une table mais qui n’en gardent pas moins à l’esprit ce qui fait l’essence de leur mission. Ce fut le développement d’Acer Finance pendant de nombreuses années. Devenu il y a un an président de l’AFG, il a désormais à cœur de rassembler l’ensemble des protagonistes de la gestion d’actifs en une même famille. Soudée ? Peut-être pas encore totalement. Consciente des enjeux et de l’intérêt à les défendre tous ensemble ? Certainement !

Décideurs. La conférence annuelle de l’AFG a donné la part belle à l’ISR. Est-ce votre principal cheval de bataille ?

Éric Pinon. L’AFG se veut résolument motrice sur le sujet de l’ISR. L’asset management français est en pointe sur ce point, voire même largement en avance par rapport aux autres pays. À nous de le faire savoir. C’est d’autant plus important que nous pouvons compter avec l’appui du régulateur. Si nous pouvions tout d’abord nous demander si l’ISR était une mode ou un véritable changement politique, les jeunes générations, celles-là même qui sont appelées à nous succéder, nous rappellent sans cesse à quel point cela est fondamental. Par-delà l’éthique, il est d’ailleurs intéressant de comprendre qu’être ISR, c’est aussi prendre en compte les intérêts et besoins de nos épargnants. De ceux qui sont in fine nos clients.

La transparence sera donc le corolaire de l’ISR ?

L’épargnant doit pouvoir avoir une vision précise de ce dans quoi il investit. C’est cela la transparence. Savoir quel est le coût réel, couche par couche, intervenant par intervenant. Mais aussi savoir que son investissement peut avoir un impact social ou local. Il nous faut aller plus loin que cette image de vendeurs de produits pour nous repositionner comme des promoteurs de solutions d’épargne. La réglementation nous aide dans ce processus à l’instar de MIF II qui impose de décomposer la chaîne de valeur d’un produit, de comprendre qui le fait et qui peut l’utiliser.

« L’asset management français est en pointe en matière d’ISR, voire même largement en avance par rapport aux autres pays »

La transparence ne peut être que positive pour nos membres. Cependant, cela ne doit pas faire oublier que la mise en œuvre de cette directive est particulièrement compliquée, surtout avec une échéance début janvier 2018. D’autant plus que cela s’ajoute à d’autres réglementations nationales ou européennes. Certains délais sont obtenus mais le rythme n’en reste pas moins tendu.

Comment agissez-vous avec les autres associations européennes ?

Cela ne vous étonnera pas si je vous confirme que nous travaillons étroitement avec nos homologues européennes. Plusieurs courriers communs aux principales associations françaises, représentant les consommateurs et les professionnels, ont été adressés à la Commission européenne à l’été 2016, permettant ainsi de montrer l’alignement de nos intérêts tout en faisant entendre plus efficacement notre point de vue. Les associations parlent et collaborent. Nous agissons d'ailleurs de même en France où nous savons discuter avec les représentants des autres professions pour nous faire entendre des pouvoirs publics. Chacun doit prendre conscience du travail des gérants, de l'épargnant à l'investisseur professionnel. Il existe aussi un French flair dans la gestion. Les Etats-Unis sont forts d’avoir su vendre leur modèle de gestion ; il nous faut aider nos champions à y parvenir à leur tour.

Propos recueillis par Alexis Valero

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