Le phénomène du vieillissement de la population est l’un des sujets d’avenir les plus récurrents. Pas seulement pour l’industrie financière, mais également pour la classe politique. En effet, c’est une tendance de fond qui impactera sans aucun doute l’économie mondiale. Jean-Dominique Seta, gérant du fonds CPR Global Silver Age, revient sur l’approche sectorielle d’un phénomène en devenir.

Décideurs. La silver économie correspond à l’écosystème qui gravite autour du vieillissement de la population. Cette économie recouvre t-elle uniquement les thèmes de santé et de dépendance ?

Jean-Dominique Seta : Loin de là ! bien sûr, les produits de santé concernent les séniors (à partir de 65 ans) et les services liés à la dépendance concernent les personnes les plus âgées, (au-delà de 80 ans)  mais d’autres thèmes importants sont liés au vieillissement :  la qualité de vie, par exemple, est devenu essentielle pour les séniors : on le retrouve dans plusieurs compartiments de la cote comme celui des produits de soins, des loisirs et des automobiles haut de gamme. De même pour l’épargne financière puisqu’au moment du départ à la  retraite le niveau de patrimoine a généralement atteint son apogée et qu’il est essentiel pour les jeunes retraités de le maintenir et de pouvoir le transmettre.

Quels sont les avantages de votre approche multisectorielle ?

Nous souhaitons aborder les thèmes du vieillissement sous tous les angles possibles pour apporter aux porteurs de parts un bon niveau de diversification pour ne pas être uniquement sur un secteur pointu, qui, selon le contexte de marché peut être très bon ou très mauvais. De même, cela nous donne la capacité de naviguer entre différents environnements de marché. Notre univers est composé de huit secteurs, parmi lesquels la pharmacie et les équipements médicaux, dépendance et produits de santé, automobile, loisirs, bien-être et épargne financière. Ce qui est intéressant est que cet ensemble regroupe des secteurs plutôt « qualité et croissance », avec des secteurs plus « cycliques et value ».  En fonction des conditions de marchés, nous pouvons ainsi faire évoluer le positionnement du portefeuille en fonction de la configuration économique du moment. Cela nous permet d’éviter les écueils d’un fonds purement santé, clairement orienté qualité et croissance, qui ne pourrait pas tirer profit d’une logique cyclique.

Quelle est votre position concernant l’industrie pharmaceutique ?

Nous sommes relativement prudents sur cette partie, notamment vis à vis des grands laboratoires, face auxquels nous avons réduit notre exposition au cours des derniers mois. Nous nous sommes concentrés sur ceux pour lesquels nous avons la meilleure visibilité et le plus de convictions concernant le pipeline de nouveaux produits. Sachant que ce pipeline doit être mis en contraste avec le risque présent sur les produits existants. Cela signifie que les grands laboratoires pharmaceutiques font face à beaucoup de pression sur les prix. En outre, les volumes de médicaments sont entamés par une concurrence accrue des sociétés de produits génériques et des sociétés de biotechnologie. Enfin, à l’horizon 2019-2022 une part non négligeable de leur chiffres d’affaires sera vulnérable à la perte d’exclusivité de grands brevets. Nous privilégions des valeurs petites et moyennes, bénéficiant de forts potentiels de développement sur de nouvelles indications ou zones géographiques. Dans un marché prometteur pour les opérations de fusions et acquisitions, nous préférons les cibles aux prédateurs.

Comment cela traduit dans l’orientation de votre fonds aujourd’hui ?

Aujourd’hui sur le fonds global est constitué d’une centaine de lignes. Comme le MSCI World, 64 % des valeurs sont des sociétés américaines, 12 % de valeurs japonaises, le reste se trouve en Europe. D’un point vue sectoriel, nous avons des positions importantes sur le secteur santé, notamment des biens d’équipements, que nous considérons comme porteurs. Nous avons par ailleurs une belle exposition au secteur des loisirs et de la consommation, qui est actuellement stimulé par la réforme fiscale aux États-Unis et la reprise en Europe. Au sujet des États-Unis, nous misons sur l’apaisement, et ne voyons pas se profiler de guerre commerciale.

Propos recueillis par Yacine Kadri

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