Très impliquée dans la finance verte, Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, a grandement contribué au lancement du label Greenfin. Explications.

Décideurs: Pourquoi avoir lancé le label Greenfin ?

Brune Poirson. Le label Greenfin a pour but de distinguer les fonds d’investissement dont les pratiques permettent le développement d'une économie verte : il agit comme un repère de confiance pour les apporteurs de fonds cherchant à placer leurs capitaux de façon responsable.

Quels sont les critères à remplir par un fonds pour bénéficier de ce label ? Les conditions pour en bénéficier pourraient-elles évoluer, se durcir dans les années à venir ?

Une large palette de fonds est concernée : les fonds cotés, les fonds de private equity, les fonds d’infrastructures, les fonds obligataires, les fonds de dette privée, les fonds mixtes, les fonds de fonds, les SCPI/OPCI. Pour obtenir le label Greenfin, le fonds doit respecter une liste de critères définis par arrêté. Un fonds d’investissement doit, par exemple, respecter quatre catégories de critères pour se voir octroyer le label Greenfin : tout d’abord, une majeure partie du portefeuille investie dans des activités vertes telles que listées par le référentiel du label. En second lieu, l'exclusion des activités liées aux énergies fossiles et au nucléaire. Troisièmement, une gestion des controverses ESG des entités présentes en portefeuille. Et pour finir, la mesure de l’impact environnemental du fonds. L'éligibilité du fonds est audité par un certificateur indépendant qui respecte un cahier des charges élaboré par le ministère de la Transition écologique et solidaire.

Comment le label Greenfin se différencie-t-il du label ISR porté par le ministère des Finances ? Une fusion des deux est-elle envisageable ?

Le label ISR distingue les fonds d'investissement ayant intégré un mécanisme de prise en compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leur processus d'investissement (ni exclusions ni part verte minimale). À l'inverse, le label Greenfin s'intéresse directement aux actifs présents dans les portefeuilles des fonds, et pas seulement à la façon dont ils sont sélectionnés. Dans le cadre de la loi Pacte qui obligera les fournisseurs d'assurance-vie à proposer des supports d'investissement labellisés, il est prévu que les ministères des Finances et de l'Environnement communiquent sur la complémentarité de ces deux labels. En revanche, au regard des différences fondamentales entre les labels Greenfin et ISR, une fusion n'est pas envisagée.
 

"Le label Greenfin s'intéresse directement aux actifs présents dans les portefeuilles des fonds, et pas seulement à la façon dont ils sont sélectionnés"


Aujourd’hui, 36 fonds détiennent ce label Greenfin, pour des encours totaux proches de 10,5 milliards d’euros. Quel objectif vous êtes-vous fixé ? Comment favoriser l'émergence de ce label ?

Il s'agit en fait de 42 fonds qui détiennent aujourd’hui le label Greenfin, pour des encours totaux proches de 12 milliards d’euros. Ce label récompense les fonds d'investissement les plus vertueux : son succès réside donc davantage dans l’exigence de ses critères que dans le nombre de fonds labellisés. Notre objectif est qu'un maximum de fonds en création utilise le référentiel Greenfin pour construire et gérer leur portefeuille et que les épargnants et apporteurs de fonds (assureurs, fonds de pension...) orientent leurs investissements en priorité vers ces véhicules. Ainsi, il s'agit d'adapter la liste des activités vertes aux dernières évolutions technologiques afin d'élargir les possibilités d'investissement des fonds labellisés et de communiquer sur le label auprès des investisseurs. 

Le lancement du label Greenfin s’est concrétisé dans le cadre plus large de la réorientation de l'épargne des Français et des investissements des institutionnels vers la transition écologique. D'autres mesures seront-elles annoncées pour y parvenir ?

L'urgence actuelle réside dans la formation des conseillers bancaires et d'assurance à ces outils, qui demeurent méconnus ou incompris des professionnels, et donc inévitablement des épargnants.

L'avenir du label est-il européen ? L’Europe pourrait-elle avoir envie de créer un label unique ?

Le ministère de la Transition écologique et solidaire s'implique fortement dans les discussions visant à créer un Écolabel européen appliqué aux produits financiers. La Commission européenne s'est largement inspirée du label Greenfin pour construire ses premières propositions de critères pour ce label. De fait, puisqu'il n'est pas souhaitable de démultiplier des labels similaires, il est possible que Greenfin laisse à l'avenir sa place au label communautaire.

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurélien)

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