Mounir Laggoune (Finary), le vulgarisateur de la finance personnelle

Comme de nombreux Français, le CEO de Finary, Mounir Laggoune, vient d’une famille qui ne s’intéresse pas au monde de l’investissement. Même son père, bien que directeur financier, déléguait à des intermédiaires la gestion de son patrimoine. Or, qui dit intermédiaire dit frais de gestion, parfois très élevés. En 2019, l’IPO de Trainline, pour qui il travaillait et dont il avait des parts, permet à Mounir Laggoune d’engranger une jolie somme. C’est là que s’opère la bascule pour ce passionné d’économie diplômé d’école de commerce. "Malgré mon parcours, je n’étais pas équipé pour investir mon argent", estime-t-il.

Carences scolaires

Difficile d’investir sans les professionnels, rien n’est prévu dans la scolarité pour se former à la gestion des finances personnelles. "Les professeurs ne sont pas des spécialistes, l’Éducation nationale non plus, ni même les élus. J’ai analysé le patrimoine d’Emmanuel Macron, et il investit comme la plupart des Français." Pour Mounir Laggoune, il convient en premier lieu d’établir son budget et de voir ce qui peut être mis de côté afin d’être placé. Et pas seulement sur le livret A. Le rendement du produit le plus courant parmi les livrets d’épargne est calqué sur l’inflation, ce qui ne permet pas de se constituer un pécule significatif sur le long terme.

"Emmanuel Macron investit comme la moyenne des Français"

Afin d’aider les champions de l’épargne que sont les Français à mieux la flécher, Mounir Laggoune a créé une chaîne YouTube aux 5 millions de vues par mois, s’active sur les réseaux sociaux et a cofondé Finary, une application de gestion de patrimoine. "Il est faux de dire que les Français n’aiment pas parler d’argent, ils veulent qu’on aborde le sujet avec sérieux. Les nouvelles générations sont plus alertes là-dessus." 80 % de ceux qui regardent ces vidéos sont des hommes, majoritairement entre 25 et 35 ans, CSP+, inquiets pour leur retraite.

Pyramide de Maslow 

De manière à passer à l’action, Mounir Laggoune – également auteur d’Investir pour être libre (First) – a schématisé un plan d’investissement en se basant sur les différentes étapes de la pyramide de Maslow, qui a pour rôle de hiérarchiser les besoins des individus. En bas de l’édifice : le matelas de sécurité, qui peut couvrir l’équivalent de 2 à 6 mois de dépenses. "Il permet de dormir sur ses deux oreilles." Ensuite, l’épargnant peut investir dans l’immobilier ou à la Bourse. À lui de voir s’il préfère louer ou acheter son logement, la seconde option n’étant pas toujours la plus intéressante du point de vue de la rentabilité.

Quant à la Bourse, "ce n’est pas le casino, rappelle Mounir Laggoune. Les marchés offrent à tous la possibilité d’investir dans des entreprises qui créent de la richesse et aux actionnaires d’en capter une partie." Enfin viennent les placements dans la cryptomonnaie et autres produits exotiques (montres, art, vins, etc.), mais c’est à ses risques et périls.

Commencer tôt

L’idée est de commencer le plus tôt possible. "Même en n’investissant que 100 euros par mois, grâce aux intérêts composés, on peut acquérir sur le long terme un important patrimoine." Et de préciser : "Plus précieux que l’argent en investissement : le temps." Finary a mis en place un comparateur de frais et propose des solutions d’investissement avec des ponctions raisonnables. La plateforme permet de réaliser le bilan de son patrimoine ou encore d’instaurer des ordres récurrents de manière à ne pas passer trop d’heures sur le sujet. "Nous aimerions devenir le champion de l’épargne de notre génération", résume Mounir Laggoune. Chiche !

Olivia Vignaud