Ils ont moins de 40 ans et font déjà l’actualité politique. Conseillers, élus, adjoints ou ministres… Portrait d’une vingtaine d’entre eux à qui l’on prédit un destin remarquable.
On les appelle les «?bébés de la Sarkozy?», les «?Cadets-Bourbon?», les «?jeunes de la Hollandie?» ou bien encore les «?petits hussards de la République?». Quel que soit leur surnom, ces femmes et ces hommes politiques français constituent la relève. Pourquoi ? Parce qu’ils sont jeunes et ont moins de quarante ans. Parce qu’ils ont grandi avec la mondialisation, le chômage, la crise, les prémices d’Internet et le désordre global laissé par leurs aînés. Et parce qu’en dépit de tout cela, ils conservent la foi en leur engagement politique et sont dotés d’un inaltérable sens de l’optimisme en l’avenir.  

Des politiques plus jeunes
Qui sont les députés de 2012 ? On compte une élue de moins de 30 ans et trente-trois de moins de 40 ans. Avec une moyenne d’âge de 54,6 ans et de 49,8 ans pour les nouveaux entrants – contre 58,2 ans pour les anciens députés réélus –, la quatorzième législature réunit des députés plus jeunes que la précédente. C’est donc bien une Assemblée reverdie qui siège depuis trois ans.
La moyenne de la précédente était de 55,1 ans et celle de 1958 ou 1981 était de 49 ans.
Parti par parti, cela se traduit de la manière suivante, comme le détaille Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS et au Cevipof : «?La répartition des moyennes d’âge par grands ensembles partisans – PS, radicaux et divers gauche, UMP et divers droite, Front de gauche, EELV et centristes – montre que les écologistes restent les plus jeunes (49,8 ans) suivis par le PS et ses alliés (54,2 ans), par les centristes (54,4 ans), puis par l’UMP (55,3 ans) et enfin par les députés du Front de gauche (62,4 ans). Le renouvellement générationnel reste donc très relatif car, au sein de la gauche, les écarts demeurent grands selon les étiquettes.?»

Génération surdouée ?
Laurent Fabius avait 37 ans lorsqu’il est devenu Premier ministre en juillet 1984. Emmanuel Macron et Najat Vallaud-Belkacem sont arrivés, eux, l’an passé à 36 ans à Bercy et rue de Grenelle. Quant à Marion Maréchal Le Pen, elle est entrée il y a quelques mois à l’Assemblée nationale à 22 ans. La génération actuelle est-elle surdouée ? Plutôt précoce et bien instruite en réalité. «?Leur niveau de diplôme est plus important que celui de leurs prédécesseurs. Et très rapidement, ils se sont professionnalisés?», explique Luc Rouban.
Si les anciens privilégiaient l’ancrage territorial, cette relève s’est, elle, investie très tôt dans des structures partisanes : militantisme syndical, branche «?jeunes?» des partis politiques, encartage classique… «?Seulement, ils adoptent une logique plus affirmée de professionnalisation et refusent pour la plupart le parachutage?», conclut le politologue.

Voici vingt personnalités au cœur de l’actualité et auxquelles nous prédisons d’ores et déjà un avenir politique. Qu’ils soient de gauche, de droite ou écologistes, dans l’entourage de Nicolas Sarkozy ou dans celui de François Hollande, c’est leur cote d’avenir qui est en jeu.

Julien Beauhaire 
 

À l’UMP

Guillaume Peltier (38 ans, maire de Neung-sur-Beuvron, ancien vice-président et secrétaire national de l’UMP) : « Je me vois là où je serai le plus utile pour servir mon pays »
Cote d’avenir : **
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
Le leader de «?la droite forte?», qui a suivi un temps le FN et Bruno Mégret, puis Philippe de Villiers, n’a pas attendu la trentaine pour baigner en politique. Les soirées électorales passées avec son grand-père, ainsi que la campagne sur le référendum de Maastricht en 1992 qui a vu «?le peuple français se lever face aux élites?» l’ont profondément marqué. Il s’inscrit, comme sa génération, dans un monde nouveau, face à l’ancien qui se meurt. Et il compte pour cela sur sa capacité à agir comme à espérer : «?La relève doit mettre en adéquation ses rêves, ses idées et ses projets avec la réalité.?» Adepte des parcours de ceux qui de rien sont parvenus à «?l’altitude de leurs rêves?», le jeune homme préfère les «?méritants?» aux «?héritiers?», «?ceux qui ont su relever la France quand elle était à genoux, ceux qui se sont levés pour dire non à la fatalité?». Comme un message de campagne actuel.

Pierre-Yves Bournazel (37 ans, conseiller UMP de Paris et d’Île-de-France) : « Je construis »
Cote d’avenir : *
Fasciné par les récits de guerre de son grand-père, Pierre-Yves Bournazel suit dès l’âge de 10 ans la présidentielle entre Chirac et Mitterrand. Son analyse actuelle ? Le système a besoin d’être entièrement réinventé et régénéré : «?Il nous faut réconcilier les citoyens avec la parole publique et amener des idées neuves.?» Grâce à la jeunesse, même si «?l’âge n’est pas un critère pour bien ou mieux faire?». Dans dix ans, l’homme se verrait bien assumer des responsabilités pour son pays et… pour sa ville, Paris, dont il était candidat aux primaires de la droite en 2013, avant d’appuyer Nathalie Kosciusko-Morizet. En attendant, il tente de cultiver trois qualités politiques nécessaires : le travail, l’altruisme et la persévérance. Et de s’aider pour cela de modèles illustres comme Churchill, Clemenceau, de Gaulle ou Simone Veil.

Aurore Bergé (28 ans, élue dans les Yvelines et chargée de la refondation du numérique à l’UMP) : « Pas une journée sans que je ne parle de politique »
Cote d’avenir : **
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
Elle incarne le visage actuel de la droite : jeune, féminin et entreprenant. Treize ans plus tôt, c’est le 21 avril 2002 qui la fait s’encarter, «?ce moment enthousiasmant à droite qui a vu la création de l’UMP et l’éclatement de la gauche?». Partisane d’un passage professionnel en politique, plus que d’une carrière, la plus jeune des membres de l’équipe nationale de l’UMP souhaite davantage de passerelles entre le privé et le public. Ne serait-ce que «?parce que l’on reste jeune très longtemps en politique. Jusqu’à cinquante ans parfois !?» Alors l’avenir, elle le voit avec confiance, car la place qu’elle occupera importe moins que ce qu’elle en fera. «?Cela s’arrêtera à un moment. Et c’est bien.?» Un héritage de pensée qu’elle doit en partie à Pierre Bédier (président du conseil général des Yvelines) et à Étienne Pinte (ancien député UMP des Yvelines).

Julien Aubert (38 ans, député UMP du Vaucluse) : « Il m’incombe aussi de dire non »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
Sanctionné en janvier dernier pour avoir interpellé une présidente de séance à l’Assemblée d’un «?Madame le président?», Julien Aubert a la faconde aisée et ne se laisse pas démonter. Après des études à l’étranger et une promotion Senghor à l’ENA, il rejoint la Cour des comptes, puis l’Élysée sous les ordres d’Henri Guaino – qu’il apprécie au même titre que de Gaulle ou Churchill. Et en 2012, direction la terre salésienne familiale dont il prend la députation. L’homme tient à «?réveiller le gaullisme populaire?». Et si l’avenir et les législatives de 2017 ne le confirment pas dans ce poste, il partira à l’étranger (Australie ou États-Unis) «?entamer une nouvelle vie d’entrepreneur ».

Marie-Laure Harel (31 ans, conseillère UMP de Paris) : « Il faut aborder le pouvoir de manière sereine dès lors que l’on sait s’en servir »
Cote d’avenir : **
C’est sans doute pour sa spontanéité et son aisance à passer d’une idée à une autre que Marie-Laure Harel est l’invitée régulière des magazines d’information. Son engagement politique est le fruit de longues discussions avec son grand-père, ancien résistant et ambassadeur de l’île Maurice en France. La victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 – pour qui elle devient chargée de mission pour les affaires industrielles –, comme la rencontre et le soutien d’Alain Juppé scellent ce goût. Comme Emmanuel Macron, qu’elle apprécie, la nouvelle garde politique doit être «?dans l’indépendance d’esprit.?» Si la jeune femme concède qu’il est très difficile d’exercer son métier et ses activités d’élue, elle se verrait bien «?ministre et/ou exerçant de hautes responsabilités dans le groupe aéronautique européen?» qui l’emploie actuellement. Un sujet qu’elle a sans doute évoqué avec Nathalie Kosciusko-Morizet, sa «?grande sœur?» en politique.

Damien Abad (34 ans, député UMP de l’Ain) : « Je ne suis pas pour le pouvoir »
Cote d’avenir : ***
Il est la voix forte de l’Ain. Celui qui a tapé dans l’œil d’Hervé Morin, puis de Nicolas Sarkozy et, récemment, de Bruno Le Maire. Le député membre des «?Cadets Bourbon?» a toujours aimé les débats publics qui ont construit de manière progressive son goût pour la politique. La relève ? La jeunesse ? Il y croit plus que tout : «?Il faut relever et reconstruire le pays. Le ramener en Ligue 1.?» Impossible pour cela de continuer la même politique que ces vingt dernières années. «?Place au renouveau !?», clame-t-il. «?Aujourd’hui, on ne veut plus attendre pour peser.?» Comment ? «?Je n’ai pas de plan précis en tête. Mais je n’ai pas non plus de limite.?»

Geoffroy Didier (38 ans, conseiller régional d’Île-de-France et ancien secrétaire général adjoint de l’UMP) : « Chaque Français est une source d’inspiration »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
Les plateaux télé se le disputent lorsqu’il s’agit d’entendre un jeune cadre de l’UMP. Cofondateur de la droite forte avec Guillaume Peltier, cet avocat (Carbonnier Lamaze Rasle & Ass.) a longtemps suivi Brice Hortefeux, sans y voir un mentor. «?J’aime l’énergie et la capacité d’entraînement de Nicolas Sarkozy?», précise-t-il. Son goût pour la politique vient de loin : «?À 10 ans, je regardais L’heure de vérité et Questions à domicile.?» L’avenir de la France appartient selon lui à ceux qui se réapproprieront deux qualités perdues, l’écoute et le courage. «?À la jeunesse de poser des jalons et de prendre le temps d’écrire son histoire?», poursuit-il avant de conclure : «?La France est un récit.?» Quant au futur, il le voit bien dans une «?cabine de pilotage de l’État?» [un ministère], mais pas de quoi y penser le matin en se rasant : «?Je garde mes rêves pour mes nuits. Le jour, j’agis. »

Gérald Darmanin (32 ans, député UMP Nord) : « Je souhaite que la politique se fasse autrement »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
« Regardez ce que fait Gérald. Lui, il n’a pas peur ! », lance Nicolas Sarkozy à ses lieutenants les plus timides. Abjecte pour ses opposants ou trésor à protéger pour sa famille politique, le député-maire de Tourcoing (Nord) est l’homme qui monte à l’UMP. Avec son débit rapide et son franc-parler, cet enfant « d’une famille modeste et courageuse de droite » assume à la fois son côté populaire et sa soif de pouvoir. Encarté à l’adolescence et recruté dix ans plus tard par Xavier Bertrand, Gérald Moussa – du nom de son grand-père tirailleur des Aurès, résistant et combattant aux côtés des harkis – croit au discours fédérateur à droite, comme celui de Chirac en 1995 ou celui de Nicolas Sarkozy en 2007, et à une « ligne Guaino-Bertrand-Seguin » pour son parti. « Je souhaite désormais que la politique se fasse autrement : plus de proximité, plus de dynamisme, plus de désintéressement. Vous pouvez compter sur moi pour représenter une nouvelle génération », annonce-t-il.

Arnaud Robinet  (39 ans, député UMP de la Marne) : « J’ai gravi les échelons très vite, mais je sais que l’on peut les descendre aussi rapidement »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
On l’a beaucoup entendu – et lu sur Twitter – sur les questions de santé qui agitent en ce moment le cabinet de Marisol Touraine. Il faut dire que le député qui profite quelques semaines encore de ses 39 ans, a toujours eu «?le goût de l’investissement, plus que de la politique?». Que l’on soit gaulliste ou libéral comme lui, il convient de faire désormais de la politique autrement. Plus comme un métier en tout cas. «?J’ai de l’ambition pour mon territoire et ma ville, mais je n’ai pas d’obsession pour 2017 ou 2022?», précise celui qui apprécie les conseils et le soutien de Xavier Bertrand et d’Alain Madelin. Si l’avenir le confirme dans son mandat actuel, c’est parfait. Si d’autres missions électives s’offrent à lui, tant mieux également.

Guillaume Larrivé (38 ans, député UMP Yonne) : « Je sais la France si fragile »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy]
C’est le jeune loup de l’UMP qui n’hésite pas à critiquer le père – pour sa formule «?FNPS?» au Figaro. «?J’ai été élevé en ayant à l’esprit une idée simple et belle : aimer la France et servir l’État?», déclare le jeune député admiratif de Cyrano, «?terriblement classique et tellement provocateur?», qui refuse toute idée de renoncement. Sciences-Po, ENA, Essec, avocature, maître des requêtes au Conseil d’État, conseiller au cabinet de Nicolas Sarkozy, conseiller municipal d’Auxerre, conseiller régional de Bourgogne, puis député de la première circonscription de l’Yonne. Où s’arrêtera Guillaume Larrivé ? «?Je me vois là où l’on peut créer, aimer, vivre libre et en paix. Ici peut-être.?»


AU PS :  

Mathieu Hanotin
(36 ans, député PS Seine-Saint-Denis) : « J’ai de l’ambition, mais je ne perdrai pas la notion d’engagement »
Cote d’avenir : ***
«?Dès l’âge de sept ans, j’allais voir les dépouillements?», raconte le jeune député frondeur qui vient d’être élu à la tête du canton Saint-Denis 1 en tandem avec Nadège Grosbois. «?J’ai toujours eu la question de l’engagement collectif dans le sang et cela s’est traduit assez vite par un attrait pour les élections.?» Pour cet admirateur de Mitterrand et fidèle de Claude Bartolone, il faut «?agir sur le réel?» et permettre à chaque génération d’assumer ses responsabilités, autrement que selon la structuration actuelle autour du FN. Comment ? «?En agissant sur le quotidien et en évitant de se projeter. En ayant de l’ambition, mais en n’y pensant pas tous les matins.?»

Jean-Jacques Barbéris (34 ans, conseiller conjoncture, commerce extérieur et financement de l’économie au cabinet du président de la République) : Il veut bousculer la baronnie
Cote d’avenir : *
[Dans l’entourage de Francois Hollande]
Les Français l’ont récemment découvert en une de L’Obs. Pourtant, le jeune conseiller n’est pas nouveau dans le sérail. Issu d’une famille très politisée, compagnon de route du PC notamment, il rencontre Pierre Moscovici lors de la campagne de 2012. Son profil a de quoi séduire : Normale Sup, agrégation d’histoire, Sciences-Po et ENA. Pour lui, il ne s’agit pas de politique, mais de conseils au service des décideurs politiques légitimement élus. Comme sa génération, il souhaite bousculer l’éternel système de baronnie. Un point en commun avec Emmanuel Macron, qui lui rappelle sans doute Isaac Le Chapelier et sa loi de juin 1791 abolissant les corporations. Son avenir, il le voit partout – notamment dans le privé, pour se confronter à la réalité –, sauf à devenir élu et personnage public.

Gaspard Gantzer (35 ans, conseiller communication de François Hollande) : La politique n’est pour lui pas un métier
Cote d’avenir : *
[Dans l’entourage de Francois Hollande]
Il est le nouveau visage de la communication présidentielle, celui par qui filtrent tous les échanges médiatiques du chef de l’État. Retour dans les années 1980 avec la réélection de François Mitterrand et la chute du mur de Berlin un an plus tard : deux événements qui donnent envie au jeune homme à la tête bien faite (Sciences-Po et ENA en 2004, comme Emmanuel Macron, Julien Aubert ou Boris Vallaud) de s’intéresser à la vie de la cité. À deux conditions toutefois : la modestie et l’abnégation, prérequis pour faire honneur à la politique. Enthousiaste comme la jeunesse qu’il observe, Gaspard Gantzer n’en oublie pas de remercier Bertrand Delanoë et François Hollande. Où sera-t-il après ? Impossible à prédire, tant la politique est loin d’être pour lui un métier.

Razzy Hammadi (36 ans, député PS de Seine-Saint-Denis) : « J’opère mes choix politiques de manière autonome »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Francois Hollande]
On le voit partout. On le pressent même pour une prochaine entrée au gouvernement. Razzy Hammadi est «?cash?» : «?Je n’ai aucun problème à me caractériser comme afro-européen et très fier d’être français?», prévient cet admirateur de Mendès France, dont le souvenir des élections du FN à Toulon en 1995 et de son année passée (1997) en Tunisie auprès de démocrates a assurément forgé son caractère. «?Notre génération doit se réinventer, avec de nouveaux outils, pour accomplir le grand bond au sein de la mondialisation, des tentatives de repli identitaire et des évolutions culturelles.?» Raison de plus pour persévérer en politique, au sein d’une gauche «?qui aura su retrouver son rôle référentiel ainsi qu’un modèle démocratique partagé avec la Méditerranée?». Dans le cas contraire, il se verrait bien revenir vers le monde entrepreneurial, à la tête d’un fonds d’investissement dans la culture, par exemple.

Constance Rivière (34 ans, directrice adjointe du cabinet du président de la République) : Elle veut continuer à servir
Cote d’avenir : *
[Dans l’entourage de Francois Hollande]
Pas encore 35 ans et déjà dans l’entourage du chef de l’État. Pourtant, c’est pour Pierre Moscovici, soutien à la candidature de Dominique Strauss-Kahn avant de devenir directeur de campagne du Corrézien, qu’elle commence par travailler. La politique vient chez elle de loin et les manifestations de 1995 n’y sont pas étrangères. ENS, Sciences-Po, un passage par le cinéma, puis ENA en poche, celle qui voue une certaine admiration à Lionel Jospin – sans le connaître personnellement – répond aux responsabilités politiques qu’on lui propose, jusqu’à passer de maître des requêtes au Conseil d’État à directrice adjointe du cabinet présidentiel. Et après ? Impossible de le prédire ; certainement en politique, continuer à servir, mais pas comme élu.

Bruno Julliard (34 ans, premier adjoint au maire de Paris) : « Être toujours plus ouvert et plus moderne »
Cote d’avenir : ***
[Dans l’entourage de Francois Hollande]
Issu d’un environnement familial engagé dans le mouvement syndicaliste de gauche, c’est étudiant que Bruno Julliard voit sa conscience politique se développer. Pas au MJS, mais au sein du syndicalisme étudiant, «?plus efficace?», selon lui. Aujourd’hui, très épanoui à la mairie de Paris, le second d’Anne Hidalgo se voit toujours élu dans une décennie. «?Sinon, tant pis. Je n’ai pas de plan de carrière.?» Et puis place aux jeunes, pour celui qui refuse le jeunisme, mais souhaite davantage de renouvellement dans la politique, ne serait-ce que pour «?la modernité et la simplicité dans leur rapport au pouvoir.?» «?Ni Dieu ni maître?» comme mantra ? Pourquoi pas, mais le jeune homme confie apprécier des figures progressistes et d’influence, à l’instar de Bertrand Delanoë, Martine Aubry ou Anne Hidalgo.


À EELV :

Barbara Pompili (39 ans, députée EELV de la Somme) : « Je fais de la politique pour être utile »
Cote d’avenir : ***
« J’ai bien vu qu’on allait dans le mur et cela m’a marquée », explique la jeune femme. Le souvenir du bassin minier nordiste de son enfance qui subit le manque d’anticipation des politiques locales et nationales, demeure intact dans sa mémoire. De quoi donner envie à la tête d’affiche du parti écologiste, qui apprécie particulièrement Yves Cochet, d’assurer une nouvelle façon de faire de la politique. En partenariat avec la jeunesse, « plus encline à la transparence et à l’abandon des vieilles pratiques : cumul, rapport à l’argent et aux femmes. » Les lignes de son avenir restent pour l’heure vierges : « J’ai besoin de vivre l’instant. L’horizon des possibles doit rester ouvert », conclut-elle.

Julien Bayou (34 ans, conseiller régional d’Île-de-France et porte-parole EELV) : « J’ai envie de prendre pied dans ce qui sert »
Cote d’avenir : ***
Il a beau avoir les cheveux en bataille, sa pensée, elle, est bien ordonnée ! Éveillé à la politique dans les années 1990 par Les Guignols de l’info et les manifestations contre le plan Juppé, le jeune militant altermondialiste fuit les syndicats étudiants et leur préfère le commerce équitable et le combat en faveur de la taxe Tobin. Pour lui, la relève politique doit «?transformer et non pas reproduire ce qu’ont fait Chirac et les apparatchiks passés par les Jeunes Pop ou le MJS?». «?Et ce n’est pas un privilège réservé à la jeunesse?», prend-il le soin de préciser, avant d’énumérer des personnages influents : Churchill pour son humour, Martin Hirsch pour la mise en place du RSA et sa présidence d’Emmaüs et même Étienne Pinte pour son action sociale. Et s’il se voit bien dans un avenir lointain encore dans «?la sphère politique au sens large?» – journalisme, militantisme… –, c’est parce que «?c’est plus qu’un travail, c’est une passion?».

Karima Delli (36 ans, députée européenne EELV) : « J’ai toujours fait de la politique autrement que mes aînés »
Cote d’avenir : **
«?J’ai toujours voulu réveiller les consciences par le militantisme et les actions de terrain.?» Pourtant, personne ne parlait politique chez elle. C’est un professeur qui l’a encouragée à suivre des études de sciences politiques. Et c’est Marie-Christine Blandin, sénatrice EELV du Nord, et les exemples de Daniel Cohn-Bendit ou José Bové, qui suscitent rapidement chez la jeune femme l’idée que l’écologie constitue un projet porteur à la fois pour l’environnement et pour l’économie. Pour cette fan de Sagan et Truffaut, il incombe aujourd’hui à la jeunesse de faire ses quatre cents coups et de saisir les opportunités. «?Nous devons ouvrir les portes et les fenêtres à la génération qui suivra. C’est cela aussi la relève.?» Et de conclure : «?On a le temps de voir venir, mais je ne baisserai pas les bras, notamment sur les questions écologiques. C’est une question de survie.?»


AU FN :

Marion Maréchal Le Pen (25 ans, députée FN du Vaucluse) : « À droite du FN, mais pas à l’extrême »
Cote d’avenir : ***
Elle a beau avoir perdu le Vaucluse, ou plutôt son parti, la benjamine de l’Assemblée nationale se satisfait des victoires du Front national à Carpentras, Monteux et au Pontet. Élue députée à vingt-deux ans – un record sous la Ve République ! –, Marion Maréchal Le Pen porte un nom hautement politique. Fille de Samuel Maréchal et de Yann Le Pen, petite-fille de Jean-Marie Le Pen qui l’a poussée à se présenter dans la troisième circonscription du Vaucluse, et nièce de l’actuelle présidente frontiste, elle incarne « l’aile droite du FN, mais pas l’extrême », répète-t-elle régulièrement. En novembre dernier, elle devance Louis Aliot, Steeve Briois et Florian Philippot, son rival, à la tête du comité central du parti. Un présage ?


… SANS OUBLIER :

Sébastien Lecornu (28 ans, président du conseil départemental de l’Eure), Frank Allisio (président des jeunes actifs : les Trentenaires de l'UMP), Mathias Vicherat (36 ans, directeur de cabinet d’Anne Hidalgo), Boris Vallaud (38 ans, secrétaire général adjoint de l’Élysée), Emmanuel Macron (37 ans, ministre de l’Économie), Najat Vallaud-Belkacem (37 ans, ministre de l’Éducation nationale), Cécile Duflot (40 ans, ancienne ministre du Logement) et Laurent Wauquiez (40 ans, numéro deux de l’UMP) et Emmanuelle Cosse (40 ans, 3e secrétaire natioanel d’EELV).

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