Invité de la « matinale des travaux publics », organisée par La Tribune, mercredi 16 décembre, le patron des Républicains n’a fait mention d’aucune idée nouvelle. Et la courbe des sondages prend une mauvaise tournure.

« Vous vous trompez Monsieur Mabille, il n’y a aucun brouillard ». Haussement d’épaule, rire crispé… dès la première question du directeur de la publication de La Tribune, Nicolas Sarkozy s’agace. « On met en œuvre les politiques économiques contraires à ce qu’il faudrait faire », « le Front national n’a aucun programme », « les sondages ne veulent rien dire », «il nous faut une politique européenne commune d’immigration »… l’ancien président de la République connaît sa rengaine sur le bout des doigts. Nous aussi. Et que dire de son désormais célèbre « travailler plus pour gagner plus », nous renvoyant directement à 2007 ? Quant à ce qui pourrait ressembler à des propositions, l’homme ne prend aucun risque : devant un auditoire de chefs d’entreprise, il suggère de supprimer l’ISF. La manœuvre est connue, les patrons ne sont plus dupes. Parmi les entreprises de croissance, ils ne seraient d’ailleurs que 9 % à vouloir de lui comme candidat à la présidentielle, largement derrière Alain Juppé (25 %) François Fillon (14 %) et Bruno Le Maire (10 %), selon un sondage Opinion Way pour CroissancePlus et Astorg. Une dégringolade prévisible tant Nicolas Sarkozy a déçu cet électorat durant son quinquennat et tarde à dévoiler un début de programme. Là où ses adversaires n’hésitent pas à sortir des livres entiers pour parler des leurs, lui se contente de petits commentaires médiatiques chocs.

 

Peut-être espère-t-il convaincre par son seul charisme et ses qualités de tribun ? Stratégie kamikaze. Outre ses adversaires à la primaire, plus aucune figure majeure de droite ne le soutient : Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez… ont ouvertement exprimé leur prise de distance pendant les régionales. Après une campagne qui devait être un boulevard vers une victoire éclatante, la droite remporte finalement la manche, mais dans la douleur. Le soir des résultats, alors que trois régions frôlaient le virage frontiste, le chef du premier parti d’opposition choisit de prononcer son discours à une heure précoce et surprenante… pour filer au Parc des Princes ! Des erreurs et des atermoiements dont il paye le prix fort. Un sondage Ifop l’annonce pour la première fois perdant face à François Hollande au second tour de la présidentielle. Pire, l’homme figure parmi les quatre personnalités politiques les plus rejetées des Français juste derrière Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot, selon un sondage Odoxa. S’il veut espérer concourir pour la présidentielle - alors qu'un sondage Odoxa du 1er janvier pour Le Parisien-Aujourd'hui révèle que 74 % des Français ne souhaitent ni sa candidature ni celle de François Hollande - Nicolas Sarkozy doit se reprendre et cesser de se voir en général d’armée méprisant revenu botter les socialistes hors de l’Élysée. Le conseil national des Républicains annoncé les 13 et 14 février prochains pour déterminer la ligne du parti sera peut-être l’occasion pour lui de prendre enfin son rôle au sérieux. C’est ce que l’électorat de droite est en droit d’attendre.

 

C. C. et Q. L. 

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