Mardi 3 mai, le candidat à la primaire des Républicains était reçu par la Fondation Concorde à l’occasion d’un petit déjeuner débat « pour une alternance réussie ».

Bruno Le Maire est un conquérant décontracté. Mains dans les poches, costume sans cravate et tutoiement à tout-va : face aux patrons réunis par la Fondations Concorde, le candidat dénote. Il précise même : « J’aime savoir que je ne suis pas favori. » Mais sous cet air nonchalant, l’homme est bien décidé à aller au bout de ses ambitions.

 

Des économies mesurées

 

« Je ne veux pas qu’on inflige de purge aux Français », lance Bruno Le Maire lorsqu’on lui demande comment il compte réduire les dépenses publiques. Les économies, il les prévoit mesurées. « Pour atteindre des objectifs élevés, il faudrait prendre de mauvaises décisions », explique celui qui propose de booster les investissements dans la justice et dans la défense. Impossible aussi de geler les prestations sociales. « Je ne prendrais aucune décision injuste », promet-il. Comment l’auteur du livre Ne vous résignez pas ! , prévoit-t-il alors de réduire les dépenses de l’État ? Par la réduction de l’emploi public d’abord, en supprimant notamment le statut de la fonction publique territoriale. Mais pas seulement. « Je prévois de passer l’âge du départ à la retraite à 65 ans, et de supprimer tous les régimes spéciaux. » Les économies, ce n’est pas forcément ce qui intéresse le plus Bruno Le Maire, préférant axer sa campagne sur la création de richesse. « Notre pays doit être l’un des plus actifs en matière d’investissements. » Des promesses qui sous-entendent de nouvelles mesures fiscales. Outre une baisse de la fiscalité sur les revenus du capital à 25 %, l’homme promet de supprimer l’ISF, sous les applaudissements spontanés de la salle et propose d’inscrire « la stabilité fiscale dans la Constitution ».

 

CDD à droit renouvelable

 

Interrogé sur la réforme du travail, le normalien ne semble pas se différencier de ses concurrents. Revenant sur le « drame économique » lié aux 35 heures, Bruno Le Maire veut laisser à chaque entreprise le soin de « déterminer le temps de travail et le déclenchement des heures supplémentaires ». Tirant à bout portant sur les partenaires sociaux, l’homme ne mise pas en revanche sur les  compromis : « Je ne négocierai pas avec eux ! » Des propos qui font mouche dans une assemblée remplie de chefs d’entreprise ! Du côté des salariés, le candidat est nettement moins bavard : « Nous devons garantir une formation tous les cinq ans, surtout pour ceux qui en ont le plus besoin », autrement dit les non-qualifiés et les demandeurs d’emploi. Au-delà des idées consensuelles, l’homme se démarque par des propositions inspirées de nos voisins européens : « Je propose un CDD renouvelable sans limite, mais avec des droits croissants pour les salariés. » Prônant un discours culturel différent, Bruno Le Maire ne veut pas empêcher les licenciements, mais plutôt « permettre à ceux qui perdent leur emploi de le retrouver dans les six mois ». 

 

Une nouvelle méthode

 

Enfin, et surtout, Bruno Le Maire propose une nouvelle méthode pour gouverner la France. Autoritaire d’un côté, il prévoit comme d’autres (notamment Jean-François Copé [1]), toute une série d’ordonnances sur trois sujets clés : l’autorité de l’État, le travail et la solidarité. Démocrate de l’autre, l’homme l’assure : il organisera « un référendum sur le renouvellement de la vie politique française ». Des propositions qui résulteraient selon lui, d’un « diagnostic de la classe politique ». Les Français seraient alors interrogés sur plusieurs sujets, comme le cumul des mandats, ou le nombre de députés. « La refondation démocratique est essentielle », assure-t-il. Des mesures qui séduisent en tout cas les électeurs de droite. À en croire les derniers sondages[1], Bruno Le Maire est toujours le troisième homme de la primaire (avec 15 % d’intentions de vote) derrière Alain Juppé (41 %) et Nicolas Sarkozy (24 %).

 

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

[1] Jean-François Copé : « Je veux gouverner par voie d’ordonnance »

[2] Sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour BFMTV et Le Parisien-Aujourd’hui en France, publié mardi 3 mai.

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